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"Qu'il cesse de se victimiser": Binet salue le choix de la SNCF de ne pas diffuser le livre de Bardella

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La secrétaire générale de la CGT défend la "sage décision" de la SNCF de ne finalement pas diffuser les publicités pour l'ouvrage du président du Rassemblement national (RN). Son syndicat avait demandé à l'entreprise publique de faire marche arrière. C'est "un livre de propagande", s'agace Sophie Binet.

Une victoire pour la CGT. La publicité pour le livre de Jordan Bardella ne sera finalement pas diffusée dans les gares. La SNCF avait été interpellée le 17 octobre dernier par plusieurs syndicats, dont celui dirigé par Sophie Binet, au sujet d'une campagne publicitaire d'ampleur pour Ce que je cherche, l'ouvrage du président du RN. La CGT avait dénoncé "une provocation".

"C'est quand même très choquant que dans des gares qui sont des lieux de service public, il y ait des publicités pour un livre d'extrême droite. C'est juste le principe de neutralité de service public qui s'applique", juge la secrétaire générale de la centrale ce mardi 29 octobre sur BFMTV.

"Il faut" que Bardella "arrête son cirque"

Jordan Bardella s'est de son côté insurgé de cette décision, accusant l'entreprise de transports de "céder aux intimidations d'une minorités d'activistes radicalisés".

Réponse de Sophie Binet: "il faut qu'il arrête son cirque et cesse de se victimiser", se félicitant de "la sage décision" prise par la SNCF.

Misant beaucoup sur le premier livre de la tête de proue du RN, Hachette Livre, maison maire de Fayard, détenue par le milliardaire conservateur Vincent Bolloré, avait négocié avec la régie publicitaire de la SNCF au début de l'automne la réservation de 581 panneaux publicitaires dans des gares.

En tout, une centaine de gares étaient concernées dans toute la France. Cette campagne publicitaire d'ampleur avait alors été vivement critiquée par des syndicats de cheminot. La CGT avait dénoncé "une provocation" tandis que Sud Rail avait martelé son "opposition totale" au RN.

Une interdiction "faite systématiquement"

Dans la foulée, la SNCF avait temporisé. Mediatransports, la régie publicitaire de la SNCF, avait cependant indiqué qu'elle pouvait "refuser une campagne d'affichage, même si elle a été "réservée", rappelant son "obligation de neutralité".

La SNCF a finalement décidé ce lundi de ne pas diffuser la campagne de publicité de Jordan Bardella. L'entreprise a précisé que le visuel de l'affiche contrevenait "aux principes de neutralité" propres à la régie publicitaire.

"C'est ce qui est fait systématiquement. Avant lui, c'est une affiche pour Waly Dia, qui combat l'extrême droite, qui a été interdit par la SNCF au nom de la neutralité politique", a avancé Sophie Binet.

En janvier dernier, l'affiche du spectacle de l'humoriste Waly Dia avait été interdite par la RATP et la SNCF en raison de son "caractère politique incompatible avec le devoir de neutralité qui s'impose dans les transports publics" et qui "pourrait être considérée comme diffamatoire ou injurieuse".

Même topo pour le chanteur Bilal Hassani en décembre 2021. La une de Têtu, qui représentait l'artiste dans une pose d'inspiration religieuse, n'avait pas été diffusée en raison de son caractère "confessionnel".

"Pas de temps à perdre" pour lire le livre de Bardella

La SNCF n'a cependant pas pour habitude d'annuler des campagnes de publicité liées à des livres de figures politiques. Bruno Le Maire, alors en poste à Bercy, et Élisabeth Borne qui vient de sortir 20 mois à Matignon ont par exemple tous les deux bénéficié de panneaux publicitaires à la SNCF. Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy avaient également vu leurs ouvrages en bonne place dans les gares.

Interrogée sur le fait qu'elle lira ou non l'ouvrage de Jordan Bardella, adversaire politique de la CGT, la patronne de la syndicale ne fait pas semblant.

"Je n'ai déjà pas assez le temps pour lire tous les livres intéressants qui sortent donc je n'ai pas de temps à perdre pour lire un livre de propagande", a jugé Sophie Binet.

Le livre de Jordan Bardella a été imprimé à 150.000 exemplaires, un tirage de très grande ampleur pour un ouvrage politique.

Marie-Pierre Bourgeois