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Politique

Pour son anniversaire, Copé n’est pas à la fête

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, c'est tous les jours à 8h25 sur RMC.

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Voilà un an tout juste que Jean-François Copé est devenu président de l’UMP (dans la nuit du 18 au 19 novembre 2012), après le psychodrame que l’on sait. Il n’a pas de quoi célébrer cette victoire.

Jean-François Copé est -avec François Hollande- l’autre recordman de l’impopularité. Son bilan politique est assez désastreux. A la présidence de l’UMP, il pensait se placer sur orbite ; il se retrouve à la tête d’un parti affaibli, surendetté, divisé – à côté de l’UMP, l’équipe de France de foot est un modèle de cohésion. Le plus grave, c’est la perte de crédibilité du parti, qui n’a plus la suprématie sur l’opposition, concurrencé par le FN et les mouvements protestataires comme les bonnets rouges. Bref, Jean-François Copé fête son 1er anniversaire mais l’UMP n’était pas un cadeau – et peut-être que Copé n’était pas un cadeau pour l’UMP.

Tous les sondages montrent qu'il a aussi une image personnelle très négative. Est-ce qu'on peut dire qu'il a aussi été victime des circonstances ?

Pas le seul – François Fillon aussi est perdant, et l’UMP tout entière. Mais une cote aussi misérable pour le chef d’un grand parti d’opposition, c’est inhabituel et décevant. Ça signifie en fait que l’opinion ne lui reconnaît pas ce statut de leader. Nicolas Sarkozy reste le favori des électeurs (et des élus) de droite. Alain Juppé a profité du spectacle affligeant de l’an dernier pour se poser en vieux sage. Et la jeune génération (NKM, Le Maire, Wauquiez, Baroin, qui ne sont pas plus jeunes que Copé) ne bride plus ses ambitions. Pour Copé, ce n’est peut-être pas une victoire à la Pyrrhus mais c’est presque le scénario du pire.

Dans ce bilan plus que médiocre, vous diriez que Jean-François Copé porte la responsabilité principale ou qu'il a aussi été victime des circonstances ?

Il y a une part d’injustice dans son image catastrophique. Il passe pour un tricheur et un putschiste alors qu’il n’y a pas eu plus de tripatouillages dans son camp que chez les fillonnistes (et pas plus que dans un congrès du PS sous Martine Aubry). Ce qui joue contre lui, c’est de s’être autoproclamé alors que le décompte n’était pas fini. La réalité, tout le monde sait à l’UMP que François Fillon s’apprêtait à faire pareil ! Copé n’a pas été plus malhonnête, juste plus rapide. Là où Copé n’a pas d’excuse, c’est sur la ligne qu’il imprime à l’UMP : à droite toute, ultra-démagogique sur les impôts, ultra-réac sur le droit du sol, à contresens ou à contretemps. Le résultat n’est pas une décomplexée, mais une UMP déboussolée.

Si l'UMP réussit un beau score aux municipales de l'an prochain, est-ce que Jean-François Copé peut en tirer avantage pour redresser son image ?

C’est en tout cas le seul objectif qui lui reste. Mais au train où vont les choses, si la crédibilité de l’UMP ne s’améliore pas, rien ne dit que les municipales puissent être un triomphe – surtout avec la perspective de nombreuses triangulaires avec le FN. Ensuite il y aura les européennes où tout indique que l’UMP sera prise en tenaille entre les centristes et le FN. Si la « vague bleue » attendue par Jean-François Copé au printemps n’est pas une lame de fond, c’est certainement lui qui va avoir du vague à l’âme.

Hervé Gattegno