Pour Marlène Schiappa, Marine Le Pen est la "leader d'un grand parti raciste d'extrême droite"

Marlene Schiappa - JEFF PACHOUD / AFP
La contre-offensive gouvernementale la plus vive est venue de Marlène Schiappa ce lundi de bon matin au micro de RTL. Après qu'Emmanuel Macron a posé à Saint-Martin en compagnie d'un jeune homme faisant un doigt d'honneur devant l'objectif, Marine Le Pen, sur Twitter, avait partagé dimanche le cliché, accompagné de l'expression de son indignation: "On ne trouve même plus de mots pour exprimer notre indignation. La France ne mérite certainement pas cela. C’est impardonnable!"
"C'est la couleur de peau qui la choque"
Alors qu'on lui demandait sa réaction, la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes n'y est pas allée par quatre chemins. "Les commentaires de Marine Le Pen n’ont absolument aucun intérêt, qu’elle s’occupe de ce qui concerne son parti", a-t-elle d'abord déclaré.
Relancée, elle est allée plus loin:
"Marine Le Pen est leader d’un grand parti raciste d’extrême-droite."
"Ce qui la choque, ce n’est pas que le président pose à côté d’un jeune, ce qui la choque, c’est la couleur de peau de ce jeune, soyons très clairs. A chaque fois que le président pose avec des personnes qui sont de couleur noire, Marine Le Pen s’offusque donc je trouve que ça n’a pas grand intérêt."
Macron réagit
Dimanche, lors d'un point-presse à Saint-Martin, Emmanuel Macron avait déjà répondu à Marine Le Pen, avec peut-être davantage de rondeurs dans l'expression:
"Marine Le Pen n’est pas avec le peuple. Ce qu’elle a dit le montre encore. Ce qui fait que je me suis battu pour être élu face à Marine Le Pen et que je suis là aujourd’hui, c’est parce que j’aime chaque enfant de la République, quelles que soient ses bêtises."
Le porte-parole du RN dénonce une insulte envers les électeurs du parti
Mais c'est bien sûr la position de la secrétaire d'Etat qui a suscité la réponse la plus courroucée au sein du Rassemblement national (RN). Sébastien Chenu, député élu dans le Nord et porte-parole du cette formation, a distillé quelques avertissements à sa destination auprès de BFMTV.com: "Marlène Schiappa devrait cesser de s'égarer, d'insulter ses adversaires politiques et rester mesurée dans ses arguments avant de dire des bêtises grosses comme elle".
Il a assuré qu'il ne s'agissait pas d'une question d'appareil: "Je me fous de ce qu'elle pense du Rassemblement national. Mais je n'admets pas qu'on en insulte les électeurs." Il a appuyé: "Ce sont nos onze millions d'électeurs qu'elle traite de racistes". Le député a par ailleurs comparé la déclaration de Marlène Schiappa à celle d'Hillary Clinton plaçant une partie de l'électorat de Donald Trump dans un "panier des misérables" durant la campagne présidentielle américaine. "C'est par la confrontation des idées qu'on se combat en politique, pas par l'insulte. Moi, je ne dis pas qu'En Marche est un parti d'incapables !" a souligné Sébastien Chenu.
Pas de plainte
Mais la sortie de Marlène Schiappa ne devrait pas entraîner de dépôt de plainte de Marine Le Pen ou du Rassemblement national. Jordan Bardella, autre porte-parole du Rassemblement national, nous a d'abord expliqué que son parti préférait "répondre à Marlène Schiappa sur le terrain politique". "En Marche cherche à racialiser le débat pour camoufler l'indécence du président", a-t-il ajouté. Sébastien Chenu a ensuite écarté (presque) définitivement la possibilité d'une réponse judiciaire, après que les avocats de son parti ont été consultés: "A priori, nous ne déposerons pas plainte, la jurisprudence en la matière semblant défavorable et n'ayant pas le goût de l'effort inutile." Il a conclu: "Nous préférons laisser les Français juges, et rappeler à madame Schiappa que nous sommes arrivés premiers en outre-mer à l'élection présidentielle".
Marine Le Pen, plus tard, a emprunté la même voie sur Twitter: "La meilleure réponse aux abjectes accusations de racisme que diffusent les ministres pour justifier le comportement indigne de Macron est le vote de nos compatriotes d’outre-mer, qui m’ont fait l’honneur de me placer en tête au premier tour des présidentielles".
Au premier tour, Marine Le Pen avait en effet coiffé ses concurrents avec 21,9% des suffrages exprimés, contre 20,8% à Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron n'obtenant que la quatrième place avec 20,4%. Au second tour cependant, il a avait engrangé un score de 64,4% contre 35,6% à sa rivale.