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Politique

Poule-gate à l’Assemblée

Les Coulisses de la Politique, c'est tous les matins à 7h25 avec Véronique Jacquier.

Les Coulisses de la Politique, c'est tous les matins à 7h25 avec Véronique Jacquier. - -

Mini-psychodrame à l’Assemblée. Une soixantaine de femmes députées de gauche sont arrivées en retard en séance pour protester contre le comportement sexiste d’un député UMP.

Ce psychodrame a un nom. Un député l'a baptisé le « poule-gate ». Ca a beaucoup de succès sur Twitter. Les commentaires ne sont pas élogieux pour les parlementaires. En coulisses, tous les députés sont consternés par l'image donnée mercredi. « Il y a 3 millions de chômeurs et nous on offre ce triste spectacle », m'a dit un élu. Mais l'indignation concernant les accusations de sexisme est à géométrie variable.

Les députés de gauche ont soutenu Véronique Massoneau. Les UMP, eux, ont tous accusé la majorité d'en faire trop. Un collectif des femmes du groupe UMP a dénoncé « l'instrumentalisation politicienne de la cause des femmes » par la gauche. J'ai eu une élue UMP au téléphone qui m'a dit : « Moi je n'ai jamais été embêtée à l'Assemblée ».

Najat Vallaud-Belkacem dit que les dérapages sont dus à des dîners trop arrosés à la buvette de l'assemblée.

Oui, elle a raison ! Il existe même à la buvette un cocktail « séance de nuit » pour que les députés tiennent le coup. Mais la buvette est une institution. C'est le lieu de la paix armée. Les députés s'engueulent devant les caméras de télé et ensuite ils se retrouvent pour boire un verre ensemble. Même François Fillon et Jean-Louis Borloo ont refait le monde il y a quinze jours alors qu'ils ne se parlaient plus depuis longtemps. Mercredi, une députée socialiste a proposé de supprimer la buvette et de mettre à la place une crèche ! Mon petit doigt me dit que les députés, hommes de droite comme de gauche, seront tous unis pour être vent debout.

Mais comment expliquer une telle atmosphère de cour de récré ?

Certains députés estiment que c'est la faute des retransmissions en direct à la télé. Plus de crâneries, moins de sérieux. Mais il y a toujours eu des dérapages : le bras d'honneur de Noël Mamère, le doigt d'honneur d'Henri Emmanuelli à François Fillon. Henri Emmanuelli avait aussi écopé d'une sanction financière. Un député m'a dit mercredi soir : « L'atmosphère est électrique entre la droite et la gauche. On a le moral à zéro à six mois des municipales ». Bon, ça n'excuse pas l'ambiance cour de récré. Un député représente la nation. Il doit être exemplaire !

Et comment les hommes réagissent-ils aux accusations de sexisme ?

En coulisses, les jeunes députés se défendent d'être des machos. Mais les plus de soixante ans l'assument. « Le sexisme ça existe partout, m'a dit un UMP. Il y en a marre. On ne peut plus rien dire. Une police de la pensée s'installe. On ne va pas en faire tout un plat de cette histoire de caquetage ». Les coqs sont encore nombreux à l'Assemblée. 154 femmes pour 577 députés. J’aurai d’autres histoires de basse-cour à vous raconter.

Véronique Jacquier