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Point d'étape aux airs de "pot de départ" de Borloo

Jean-Louis Borloo a assisté mardi à un point d'étape très positif sur l'avancement du Grenelle de l'Environnement, fixé opportunément à quelques semaines du remaniement ministériel. /Photo prise le 27 octobre 2010/REUTERS/Philippe Wojazer

Jean-Louis Borloo a assisté mardi à un point d'étape très positif sur l'avancement du Grenelle de l'Environnement, fixé opportunément à quelques semaines du remaniement ministériel. /Photo prise le 27 octobre 2010/REUTERS/Philippe Wojazer - -

PARIS (Reuters) - Jean-Louis Borloo a assisté mardi avec délectation à un point d'étape très positif sur l'avancement du Grenelle de...

PARIS (Reuters) - Jean-Louis Borloo a assisté mardi avec délectation à un point d'étape très positif sur l'avancement du Grenelle de l'Environnement, fixé opportunément à quelques semaines du remaniement ministériel.

Le ministère de l'Environnement avait déployé les grands moyens pour faire de la présentation de ce rapport un événement médiatique: les cinq ministres devaient être présents - Dominique Bussereau (Transports) a été empêché -, un sondage sur la "méthode du Grenelle" a été commandé et Jean-Louis Borloo a suggéré de l'adapter à la réforme de la fiscalité dans un entretien paru le matin dans Le Parisien.

"On a plus entendu une tentative de lancer Jean-Louis Borloo vers de nouvelles ambitions qu'une vraie évaluation critique du Grenelle", a estimé Pascal Husting, directeur général de Greenpeace France.

Le ministre de l'Environnement n'a pas commenté la rumeur l'annonçant à Matignon mais a fait l'éloge d'une méthode de négociation qui pourrait, dit-il, servir ailleurs.

"C'est énormément de travail mais je crois qu'il y a quelques grands sujets de société, la fiscalité, le travail des jeunes, dans lesquels un processus comme celui-là, partagé, est indispensable", a dit Jean-Louis Borloo aux journalistes.

C'est un discours de politique générale, lui demande un journaliste ? "C'est un regard personnel convaincu sur la conduite du changement", répond-il.

Mais vous n'avez aucune responsabilité en matière fiscale ? "Je ne suis pas en charge de ça, je dis simplement que je crois que c'est une méthode très difficile, plus exigeante, plus risquée apparemment (...) mais qui démontre son efficacité."

Et qui est jugée favorablement par 92% des Français dans un sondage Ifop commandé par le ministère, qui pose une autre question validant la démarche de Jean-Louis Borloo: 88% des sondés pensent que la méthode du Grenelle devrait être utilisée pour "mener à bien des réformes sur d'autres enjeux en France".

"CAPABLE DE TOUT PILOTER"

Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat à l'Ecologie, a démenti qu'il s'agisse d'un bilan du passage de Jean-Louis Borloo au ministère: "Il est plus que normal qu'on fasse des points d'étape pour savoir si on est sur la bonne trajectoire."

Puis, priée de dire si cela faisait de lui un bon candidat pour diriger la réforme de la fiscalité: "Jean-Louis, il est capable de tout piloter. Mais honnêtement, c'est déplacé de parler de ces questions aujourd'hui", a-t-elle ajouté.

Le rapport du comité d'évaluation du Grenelle a conclu que 96% des 268 engagements étaient réalisés ou en cours de mise en oeuvre et que 19% nécessitaient une "réorientation".

Cependant, environ 200 décrets d'application n'ont pas été publiés près de quatre mois après le vote de la loi Grenelle II.

Les experts décernent un satisfecit aux metteurs en oeuvre du Grenelle sur les questions du bâtiment, de l'urbanisme, des véhicules dits propres, des énergies renouvelables et de la biodiversité.

"Je retiens que l'ensemble des collèges ne s'était pas fondamentalement trompé", a dit Jean-Louis Borloo, avant de concéder que "la transformation de ça en réduction de CO2 est un exercice difficile."

Tel est précisément le reproche que les associations ont fait à ce point d'étape.

"On a entendu beaucoup d'autosatisfaction par rapport au processus mais je pense qu'on ne s'est pas posé la bonne question", a dit Pascal Husting.

"Ce qui nous aurait plus intéressé qu'une simple analyse quantitative des meures engagées ou pas engagées, ça aurait été de se poser la question 'est-ce que l'impact de ces mesures est à la hauteur des enjeux'", a-t-il ajouté.

Pour Bruno Genty, président de France Nature Environnement, "la limite de l'affaire, c'est tous les engagements en voie de réalisation - on ne sait pas bien à quoi ça va arriver - et l'absence d'éléments qualitatifs".

Plusieurs associations ayant contribué au Grenelle ont refusé de "faire la claque" à la remise du rapport, déplorant de le découvrir en même temps que la presse.

"C'était sympathique de faire un pot de départ pour M.Borloo, c'est un peu comme ça qu'il faut le voir", a dit à Reuters Anne Bringault, directrice des Amis de la Terre. "Mais on voit très bien qu'on n'est pas sur la trajectoire pour (atteindre les objectifs fixés pour) 2012."

Clément Guillou, édité par Patrick Vignal