Pierre Moscovici aux commandes de Bercy

Membre de la garde rapprochée de Lionel Jospin puis soutien affiché de Dominique Strauss-Kahn avant la chute de l'ancien patron du Fonds monétaire international, Pierre Moscovici a ensuite choisi sans état d'âme le camp de François Hollande.

A 54 ans, Pierre Moscovici fait déjà figure de vieux routier de la politique. Il fait en tout cas partie de cette petite minorité de la nouvelle équipe gouvernementale qui compte déjà une expérience ministérielle dans son parcours: sous Lionel Jospin, Pierre Moscovici avait été le ministre chargé des Affaires européennes, entre 1997 et 2002.
Pendant la présidentielle, il a occupé un poste-clé en tant que directeur de campagne de François Hollande et à ce titre, il comptait bien décrocher un portefeuille majeur dans le gouvernement Ayrault. C'est chose faite, et pour s'assurer de ne pas rater son entrée au gouvernement, Pierre Moscovici aurait même refusé le poste stratégique de secrétaire général de l'Elysée.

Un «super-Bercy» pour Moscovici

Le président Hollande et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault en font l'une des pièces maîtresses du gouvernement: Pierre Moscovici prend les commandes du navire de Bercy, un super-ministère de l'Economie, des Finances et du Commerce extérieur.
Un navire qu'il sera sans doute délicat de manoeuvrer dans les eaux dangereuses d'une Europe en crise.
Si Pierre Moscovici perd un pan de ce Bercy nouvelle formule - l'Industrie a été confiée à Arnaud Montebourg, il aura fort à faire dans le redressement de la zone euro, et ses compétences reconnues en matière d'affaires européennes ne seront pas de trop.
Diplômé de l'ENA, polyglotte et fin technicien, cet homme ambitieux s'était rapproché ces dernières années de Dominique Strauss-Kahn, dont il avait soutenu la candidature lors de la primaire socialiste pour la présidentielle de 2007, finalement remportée par Ségolène Royal.
Amateur de cigares au crâne dégarni, arborant souvent une barbe de trois jours soigneusement entretenue, «Mosco» offre le double avantage de n'effrayer ni l'Europe, ni les marchés.
Député du Doubs, il a déjà influé sur le style de la présidence puisque c'est sur ses conseils que François Hollande a choisi la dernière née de la gamme Citroën, la DS5, fabriquée à Sochaux, pour son investiture.
Trotskyste de formation - il a quitté la Ligue communiste révolutionnaire d'Alain Krivine pour le PS en 1984 - Pierre Moscovici affiche fièrement sa culture de gauche en plaçant en exergue sur la page d'accueil de son blog une phrase de Léon Blum : «L'homme libre est celui qui n'a pas peur d'aller jusqu'au bout de sa pensée».
En tant que ministre de l'Economie, il devra même aller bien au-delà.