Payer les chômeurs pour prendre les postes libres ?

Michel Sapin a promis "un plan extrêmement ambitieux". - -
C’est l’un des outils contre le chômage que François Hollande n’avait pas encore dévoilé. Jeudi, au lancement de la conférence sociale, le président a estimé entre 200 000 et 300 000 le nombre de ces emplois qui ne trouvent pas preneur, et il souhaite y remédier. Pas assez attractifs, trop éloignés du domicile ou pas assez rémunérés, ces emplois pourraient être rendus plus intéressant grâce à l’Etat, car François Hollande n'a pas exclu que l'Etat mette la main à la poche pour aider ces chercheurs d'emploi : « S'il s'agit d'un problème de mobilité, réglons le par des incitations financières. S'il s'agit d'un problème de salaires, alors comblons-le. Ce peut être la responsabilité de l'Etat », a-t-il déclaré.
« Un plan extrêmement ambitieux »
Un peu plus tard dans la journée, le ministre du Travail Michel Sapin a annoncé que ce plan serait mis sur pied avant la fin de l'été : « Dès le mois de juillet, un travail de recensement par filière, par branche et par territoire » sera effectué. Selon lui, « on peut mettre au point un plan extrêmement ambitieux qui ne soit pas un plan com' », « financé par l'ensemble des acteurs concernés : Etat, régions partenaires sociaux ».
« Que l’Etat impulse une dynamique »
Pour Vincent Godebout, le délégué général de l'association Solidarités Nouvelles contre le Chômage, l’idée d’inciter financièrement à prendre ces postes pourrait porter ses fruits. « Si l’Etat a la possibilité de mettre la main à la poche, c’est très bien qu’il impulse une dynamique. On nous dit qu’il n’y a plus d’argent, mais la création de nouveaux dispositifs, la mobilisation ou le transfert d’autres financements sont des choses très intéressantes qui doivent être imaginées parce que quand on parle de chercheurs d’emplois, on a à faire à des personnes complètement déprimées. Aujourd’hui, l’enjeu est vraiment un enjeu de lien social, de cohésion, et il est important de tout mettre en place pour que les personnes puissent conserver un espoir et un lien minimum avec le monde du travail ».
« Un faux problème »
Si le Medef s'est dit « partant », les syndicats sont plus réservés. Ainsi, Stéphane Lardy, secrétaire confédéral du syndicat FO en charge de l'emploi, estime que « ce n’est pas avec les emplois vacants qu’on va résoudre la question du chômage ». Pour lui, il s’agit d’un détail, car avant de distribuer de l’argent, estime-t-il, il faut déjà s’assurer qu’il n’y en a pas qui est gaspillé. « C’est très faible, ça correspond à 0,3% des demandes d’emploi en France, donc c’est un faux problème. Je rappelle que l’Etat fait des aides, les régions et les départements octroient des aides. Le problème, c’est qu’on a du mal à se parler entre nous. Ce que nous disons, c’est que ça suffit. Mettons-nous autour d’une table et regardons ce que chacun finance car parfois, on finance la même chose ».