Patrimoine des élus : le Grand Déballage

Les Coulisses de la Politique, de Jean-François Achilli, du lundi au vendredi à 7h20 sur RMC - -
C’est à qui lavera plus blanc ! Preuve en est, un ancien Premier ministre s’est précipité hier soir sur le plateau du 20h de France 2, pour dresser l’inventaire de ses biens : François Fillon a déclaré devant les Français posséder une maison dans la Sarthe d’une valeur de 650 mille euros, moins de 100 mille euros d’épargne. Il n’a pas de voiture de course, ne paie pas d’impôt sur la fortune.
En fait, c’est hier matin que le député UMP de Paris a décidé de passer à table. « Parce qu’il fallait qu’il parle, pour dénoncer une crise de régime, mais aussi… pour devancer ses principaux rivaux », explique son entourage. C’est une pierre dans le jardin de Jean-François Copé, mais surtout de Nicolas Sarkozy, qui vont être obligés d’y aller. « Ça les met dans un corner », ajoute un proche de François Fillon, qui estime avoir marqué un point.
Il a rejoint les quatre ministres qui ont eux aussi dégainé avant les autres… allons-y pour l’inventaire !
Dès dimanche, les deux ministres écologistes Cécile Duflot et Pascal Canfin ont sorti la lessive bio: une maison à 168 mille euros et une vielle Twingo pour Cécile Duflot. La socialiste Marie-Arlette Carlotti, candidate à Marseille, a avoué sur son blog des biens immobiliers pour près de 600 mille euros, dont un appartement en Corse. Najat Vallaud-Belkacem, elle, n’est que locataire, et 25 mille euros en banque. A droite, Laurent Wauquiez a fait sensation dimanche en détaillant son appartement et sa maison à crédit et son PEA à 120 euros. Stop, on arrête là…
Mais à quoi va servir tout ce déballage ?
C’est bien joué : cela flatte le voyeurisme, cela créée un écran de fumée qui permet d’atténuer, voire de brouiller l’effet Cahuzac, et fait passer le tandem exécutif pour de grands purificateurs de la vie politique. Comme les ministres ont jusqu’à lundi prochain pour passer à table, cela va nous occuper encore quelques jours.
Certains redoutent des dérapages ?
A commencer par une fragilisation des élus locaux, quand tel député, maire ou conseiller général, médecin, vétérinaire, ou entrepreneur va devoir se mettre à nu devant ses administrés et ses voisins, de ses adversaires politiques.
Et puis, nous sommes dans un état de droit, « attention à ce prurit de transparence », prévient le député vert Noël Mamère, en désaccord - et il n’est pas le seul - avec cette course à la vertu. Oui au renforcement des contrôles, mais gare à ce grand déballage qui poussé à l’extrême peut tourner le dos à la vie démocratique
Ecoutez ici les Coulisses de la Politique de Jean-François Achilli de ce mardi 9 Avril.
Jean-François Achilli|||
Directeur de la Rédaction de RMC et éditorialiste RMC/BFMTV
Il intègre la rédaction de France Inter en 1998, puis le service politique en 2000, dont il prend la direction en septembre 2008. Il rejoint RMC en décembre 2012 comme directeur de la rédaction et éditorialiste RMC/BFMTV.
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