Patrimoine des élus : Haro sur Barto

Jean-Marc Ayrault n’a pas apprécié que Claude Bartolone, le président de l’Assemblée Nationale, prenne position contre la publication du patrimoine des élus. La guerre fait rage entre Matignon et le Palais Bourbon.

« A qui le tour » ? C’est un copain député de Claude Bartolone qui lui a lancé la question hier, après la lecture d’un article du Canard Enchainé, dans lequel le détail est donné, photo à l’appui, sur la maison de Barto, construite aux Lilas en banlieue Est de Paris. Valeur : 2 millions d’euros. Patatras : il se trouve que le président de l’Assemblée est contre la publication du patrimoine des élus, voulue par François Hollande, pour répondre à l’affaire Cahuzac. Claude Bartolone y voit « un danger pour la démocratie ». Et aussi, peut-être, « un danger pour sa tranquillité », ajoute avec ironie le Canard.

Et que répond le président de l’Assemblée nationale ?

Et bien que la valeur évoquée de sa maison est celle au prix du marché actuel. Le terrain et la construction achevée en 2003 ont coûté trois à quatre fois moins chers, explique Barto, qui ajoute dans un éclat de rire : « le paradoxe est que je ne pourrais plus me l’offrir maintenant ». Le président de l’Assemblée nationale raconte que depuis la décision du chef de l’état, des journalistes tournent autour de chez lui, des voisins s’interrogent, l’effet est dévastateur pour l’opinion.

Jean-Marc Ayrault l’a taclé hier matin ?

« Pour être au gouvernement, il faut publier son patrimoine », a lâché le Premier ministre, allusion aux ambitions supposées de Claude Bartolone, donné comme premier ministrable en cas de remaniement. Un de ses proches confie : « Ce serait assez logique que Claude succède à Jean-Marc, il a été maire, puis président du conseil général 93, il a dénoncé le premier les emprunts locaux toxiques. Il est un président reconnu dans le palais Bourbon. Il peut donc naturellement accéder au poste de Premier ministre », conclut ce soutien. La tension entre les deux hommes est désormais palpable. Claude Bartolone s’est de plus rendu populaire de la droite à la gauche en s’élevant contre la publication des patrimoines.

Il y a urgence pour François Hollande de remanier ?

La colère des anti-mariage est toujours là. Pierre Moscovici reste la cible de l’opposition dans l’affaire Cahuzac et les chiffres de la feuille de route budgétaire du gouvernement sont pessimistes. Vous y ajoutez ce dernier IFOP spectaculaire sur une hypothétique présidentielle: 30% au premier tour pour Nicolas Sarkozy et 22% ex-aequo entre François Hollande et Marine le Pen. Claude Bartolone comme tous les autres ténors de la majorité sont restés médusés devant cette enquête, qui rappelle furieusement un certain 21 avril 2002. De quoi se donner quelques frayeurs si rien ne bouge.

Ecoutez ici les Coulisses de la Politique de Jean-François Achilli de ce jeudi 18 Avril.

Jean-François Achilli|||

Directeur de la Rédaction de RMC et éditorialiste RMC/BFMTV

Il intègre la rédaction de France Inter en 1998, puis le service politique en 2000, dont il prend la direction en septembre 2008. Il rejoint RMC en décembre 2012 comme directeur de la rédaction et éditorialiste RMC/BFMTV.

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