"Pas en campagne", François Hollande estime que les Français ont "une exigence de dignité"

François hollande - Image d'illustration - Angelos Tzortzinis - AFP
Temporairement retiré de la vie politique depuis le 7 mai 2017, François Hollande n'en reste pas moins un observateur averti de l'actualité sociale du pays. En déplacement à Dijon où il participe ce vendredi à une table ronde dans le cadre des “Journée de l’économie autrement”, organisées par le magazine Alternatives économiques, l'ancien Président de la République s'est longuement confié au quotidien Le Bien Public (article payant).
Dans un premier temps, l'ancien locataire de l'Elysée a tenu à balayer les rumeurs de son retour imminent à la vie politique. Plus tôt dans le mois, les caméras de l'émission Quotidien avaient pourtant immortalisé, lors de la Foire du livre de Brive-le-Gaillarde, une courte séquence au cours de laquelle François Hollande avait assuré à une sympathisante qu'il "allait revenir."
"Je ne suis pas en campagne, je ne suis pas à la tête d’un parti. Il y a suffisamment d’opposants pour que je n’ajoute pas ma voix aux leurs" a-t-il toutefois affirmé au journal régional.
Malgré tout, l'ancien Premier secrétaire du Parti socialiste assure "toujours continuer à (se) passionner pour la France" et à "intervenir lorsque je le jugerais utile et nécessaire."
"Exigence de dignité"
Interrogé quant au contexte social actuel et la mobilisation des gilets jaunes, François Hollande estime "trop simple" de réduire ces manifestations à une opposition entre France rurale et France urbaine. Pour lui, cela "concerne également les villes et les métropoles." Si il comprend la revendication matérielle "avec le pouvoir d'achat comme préoccupation première", il existe selon lui une dimension symbolique à ces rassemblements.
Il y a "une exigence de dignité. Ce besoin de reconnaissance, d’une considération, d’une prise en compte de la réalité de la vie quotidienne. Et aussi ce besoin d’une démocratie plus vivante, plus respectueuse, plus proche" martèle-t-il.
Pour l'ancien chef d'état, les rassemblements de gilets jaunes sont un mouvement profond, une résultante de "décisions fâcheuses" prises par le gouvernement "concernant les retraites, les aides au logement et les emplois aidés." A plusieurs reprises au cours de l'entretien, il n'hésite d'ailleurs pas à sévèrement critiquer Emmanuel Macron et ses ministres, reprochant une "verticalité qui a été regardée comme une prise de distance."
Il poursuit en assurant qu'il "est nécessaire de donner beaucoup plus de place à ce que l’on appelle les corps intermédiaires et d’abord les élus locaux. À l’heure où se tient le congrès des maires de France, il est très important de leur donner les moyens d’agir."
Rejet du nationalisme
D'un point de vue plus personnel, il souligne "ne pas vouloir susciter de la nostalgie" auprès des Français. Depuis plusieurs semaines, l'ancien vainqueur de l'élection présidentielle de 2012 semble malgré tout ressentir une évolution de traitement à l'égard de son bilan.
"Le recul permet un meilleur regard. Et n’étant plus dans l’action, j’échappe aux polémiques qui, parfois, la parasitent. Les Français sont toujours plus indulgents à l’égard de ceux qui ont quitté le pouvoir que vis-à-vis de ceux qui l’exercent."
Malgré sa volonté actuelle de ne pas se présenter pour un mandat politique, François Hollande a commenté la prochaine élection européenne, qui se tiendra en 2019. Il assure aux eurosceptiques que l'Europe n'est "ni une prison, ni un carcan" et appelle au rejet du nationalisme, tout en taclant une nouvelle fois Emmanuel Macron.
"Il a raison (Emmanuel Macron, ndlr) de dénoncer les nationalismes et les dangers qu’ils font encourir, en termes de repli et de séparation. Mais pour être progressiste, il faut le montrer d’abord dans son propre pays."
Ce samedi, François Hollande a également prévu une séance de dédicaces de son livre Les leçons du pouvoir, déjà vendu à plus de 100.000 exemplaires, dans la commune de Semur-en-Auxois. Un exercice qu'il affectionne tout particulièrement, la proximité de sympathisants lui permettant de prendre le pouls de la France et de sa nouvelle popularité.