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"Sentiment de submersion" migratoire: Bayrou face à une sixième motion de censure

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Le Premier ministre devrait surmonter sans encombre la motion de censure déposée cette fois-ci par le Parti socialiste (PS), en réaction à ses propos sur un "sentiment de submersion" migratoire.

François Bayrou commence à en avoir l'habitude. Le voilà de nouveau confronté à une motion de censure ce mercredi 19 février. Et une fois encore, le Premier ministre devrait échapper au couperet.

Une différence à noter cependant: cette fois, les socialistes sont à la manœuvre. Ils ont déposé cette disposition en réaction aux déclarations faites par François Bayrou le 27 janvier dernier sur un "sentiment de submersion" migratoire.

Depuis la nomination de ce dernier à Matignon, le PS n'avait pas voté les motions de censure - mis à part quelques députés de son groupe - que ce soit celle présentée à l'issue de la déclaration de politique générale ou celles sur les projets de budget, en réaction à l'emploi du 49.3.

"Un côté pistolet à eau" pour LFI

La formation présidée par Olivier Faure défend la nécessité pour la France de se doter d'un budget, tout en martelant son statut d'opposition en s'appuyant sur cette motion. Ce discours est toutefois mis en cause par La France insoumise, avec laquelle les multiples passes d'armes ont pris le tournant de la rupture ce week-end, Jean-Luc Mélenchon considérant dans une interview pour La Tribune Dimanche que les socialistes ne sont plus des "alliés".

Si le mouvement votera cette initiative parlementaire, comme les précédentes, il en minimise la portée et pointe "un côté pistolet à eau". Des déclarations de François Hollande, redevenu député lors des dernières législatives, donnent de l'eau à leur moulin.

Mercredi 5 février, il a expliqué sur France 5 que cette motion "n'était pas faite pour renverser le gouvernement" mais "pour l'interpeller". Avant d'en rajouter une couche sur BFMTV quatre jours plus tard, en considérant que si le Rassemblement national venait à se prononcer pour, alors le PS devrait "prendre ses responsabilités" et ne pas censurer pour éviter au gouvernement de tomber. Une position personnelle et "absurde" avait recardé Olivier Faure le lendemain, toujours sur notre antenne.

L'extrême droite, "ennemi mortel de la République"

Dans tous les cas, la question ne devrait pas se poser, sauf surprise. Deux cadres du mouvement, les députés Jean-Philippe Tanguy et Thomas Ménagé, ont expliqué qu'ils ne voteraient pas la censure.

Il faut dire que le texte déposé par les socialistes est difficilement soutenable pour le RN. "Le Premier ministre a repris les mots funestes de Jean-Marie Le Pen", critiquent les députés du parti au poing et à la rose. Qualifiant l'extrême droite "d'ennemi mortel de la République", ils reprochent au gouvernement d'avoir "cédé" à ses "passions tristes" en "offrant des victoires culturelles inédites au RN qu'il est censé combattre".

Dans leur viseur notamment: le débat sur le droit du sol suggéré par le garde des Sceaux Gérald Darmanin, le soutien du gouvernement à un texte LR restreignant ce droit à Mayotte, l'adoption à l'Assemblée, à l'initiative de l'ex-Premier ministre Gabriel Attal, d'un texte sur la justice des mineurs, la "dépénalisation des atteintes à la biodiversité" portée par la droite sénatoriale, ou encore "la remise en cause du Pacte Vert" au niveau européen.

Les socialistes évoquent aussi l'affaire des violences à Notre-Dame-de-Bétharram, estimant que "le Premier ministre ne peut se soustraire aux interrogations légitimes des victimes et de leurs proches, de la représentation nationale et de la presse".

François Bayrou est accusé dans ce dossier d'être intervenu dans l'enquête ouverte fin 1997 concernant le père Carricart, ex-directeur de l'institution, et d'avoir menti à la représentation nationale, ce qu'il récuse entièrement.

L'affaire a de nouveau animé les questions au gouvernement mardi, François Bayrou contre-attaquant en chargeant le gouvernement de Lionel Jospin, au pouvoir à partir de juin 1997.

Baptiste Farge avec AFP