EDITO - DSK et Cahuzac, auditions et destins croisés

Jean-François Achilli, Directeur de la Rédaction de RMC et éditorialiste RMC/BFMTV. - -
Il est arrivé en catimini par le parking souterrain du Sénat et il est reparti, à sa demande, par la grande porte, une heure et demie plus tard, devant une nuée de micros et de caméras. Dominique Strauss-Kahn a fait sensation devant la Commission d'enquête sur le rôle des banques et acteurs financiers dans l'évasion des capitaux. Avec des sénateurs conquis qui prenaient des notes.
Ils lui ont donné du "monsieur le Ministre"
Et DSK n’a pas résisté au plaisir d’épingler François Hollande qui avait fait de la finance son adversaire: "de mon point de vue, incriminer la finance dans le désastre économique que nous vivons, en Europe en général et en particulier dans notre pays, a pour moi à peu près la même pertinence qu'incriminer l'industrie automobile quand on parle des morts sur la route."
Qui l'avait invité au Sénat?
Une source proche de la majorité a parlé de Bernard Cazeneuve, auditionné lui aussi la semaine dernière. Ce que l’entourage du ministre du budget a démenti mercredi. Le Bureau de la commission a finalement revendiqué cette invitation qui s’est apparentée à une réhabilitation en règle. "J’ai commis des erreurs, mais moi je n’ai pas volé d’argent", a confié DSK à un ami en quittant les lieux.
Au même moment a débuté, à l'Assemblée, l'audition d'un de ses ex-lieutenants
Jérôme Cahuzac, seul pendant deux heures face à la commission d’enquête sur les éventuels dysfonctionnements de l’Etat pendant l’affaire: l’ex-ministre du Budget, empêché par l’enquête judiciaire en cours, n’a rien révélé face à ses anciens collègues députés très insistants. Et a dédouané François Hollande, Jean-Marc Ayrault, Pierre Moscovici et les services de Bercy.
Exprimant, ça et là, sa part intime: "Il y a deux tabous que je n’ai pas transgressés. Premièrement je n’ai jamais juré sur la tête de mes enfants ne pas avoir de compte à l’étranger. Deuxièmement, mentir par écrit à l’administration que je dirigeais me semblait inconcevable".
Est-ce que ces deux gueules cassées de la politique se parlent encore?
Oui, et ça leur arrive régulièrement. Dominique Strauss-Kahn, qui a entamé une activité de conseil auprès de plusieurs dirigeants étrangers, doit sans doute rappeler à Jérôme Cahuzac, qui débute lui son chemin de croix, qu’il y a une autre vie possible après la politique.