"Une dérive xénophobe": la gauche dénonce les concessions du gouvernement sur la loi immigration

Olivier Faure et Manuel Bompard le 21 septembre 2022 à l'Assemblée nationale - Thomas SAMSON / AFP
Avant même un éventuel accord en commission mixte paritaire (CMP) ce lundi entre le camp présidentiel et les Républicains au sujet du projet de loi immigration, les parlementaires de gauche sont en colère. Nombre d'entre eux ont critiqué ces dernières heures les propositions "mises sur la table" par le gouvernement, qui s'efforce de trouver un terrain d'entente avec l'opposition de droite à l'Assemblée nationale et au Sénat.
Ce dimanche notamment, la ministre Aurore Bergé a confirmé que les conditions d'octroi des allocations sociales (APL, allocations familiales...) pour les étrangers en situation régulière sont discutées. Les sénateurs souhaitent imposer aux étrangers de devoir justifier de cinq ans de résidence pour pouvoir bénéficier d'allocations, contre six mois actuellement. Une piste d'accord consisterait à fixer à trois ans cette durée pour ceux qui travaillent dans la copie finale de la commission mixte paritaire.
"Cette droite en veut toujours plus"
"Pour obtenir un accord sur son ignoble loi sur l’immigration, le gouvernement est donc prêt à reprendre le concept de préférence nationale forgé par Jean-Marie Le Pen", a dénoncé le coordinateur de La France insoumise et député des Bouches-du-Rhône Manuel Bompard, dénonçant "une dérive xénophobe".
"Leurs lignes rouges étaient écrites à l’encre sympathique. À peine écrites, déjà effacées", lance de son côté le sénateur communiste de Paris Ian Brossat.
Dimanche soir, Éric Ciotti a indiqué sur X que "des acquis à confirmer se dessinent en matière de prestations sociales, de déchéance de la nationalité, d’exclusion du droit du sol pour les criminels et de double peine".
Interrogé par l'AFP sur l'état des négociations, le patron des Républicains a indiqué "qu'à ce stade, on ne peut pas parler d'accord", disant attendre du gouvernement "des engagements" sur plusieurs sujets.
"Cette droite LR qui s’inspire de l’extrême-droite en veut toujours plus. Dans cette négociation où Matignon piétine la séparation des pouvoirs, le gouvernement est prêt à vendre la République pour un accord", a réagi sur X la sénatrice socialiste Corinne Narassiguin.
"C’est aux députés Renaissance de dire STOP", lance-t-elle.
Une loi nettement durcie en cas d'accord
La composition de la CMP, décidée en fonction des équilibres au Sénat et à l'Assemblée nationale, oblige le camp présidentiel à s'aligner sur les propositions des Républicains pour trouver un accord.
Au point d'inquiéter certains macronistes jugés "modérés" dans leur camp. Reconnaissant partir "incontestablement" avec un handicap face aux LR, Sacha Houlié, le président de la commission des lois à l'Assemblée nationale, a ainsi reconnu que s'il "parvenait à un accord, "oui", la loi sera nettement durcie.
Certains au sein de la macronie s'inquiètent qu'une partie de leurs troupes, notamment au Modem, refusent de voter une loi très éloignée de la promesse initiale. Le texte serait alors rejeté, infligeant encore un très net revers à Gérald Darmanin.
Le ministre de l'Intérieur, sur BFMTV ce dimanche 17 décembre, a déclaré qu'il préférait "avoir un texte" à l'issue de la Commission mixte paritaire que "pas de texte" sur l'immigration. Les négociations, lancées il y a près d'une semaine avec Les Républicains, doivent s'achever ce lundi.