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"Tu vas le payer": la vice-présidente de l'Assemblée Naïma Moutchou accuse Manuel Bompard de l'avoir menacée

La vice-présidente Horizons de l'Assemblée nationale Naïma Moutchou dans l'hémicycle le 12 novembre 2024

La vice-présidente Horizons de l'Assemblée nationale Naïma Moutchou dans l'hémicycle le 12 novembre 2024 - Ian LANGSDON / AFP

La vice-présidente de l'Assemblée nationale Naïma Moutchou a accusé le député insoumis Manuel Bompard de l'avoir menacée jeudi lors d'une suspension de séance. La soirée a été très tendue dans l'hémicycle jeudi, journée de la niche parlementaire de LFI.

La députée Horizons Naïma Moutchou a accusé ce vendredi 29 novembre le député insoumis Manuel Bompard de l'avoir menacée à l'Assemblée nationale la veille. Dans un communiqué publié sur X, la vice-présidente de l'Assemblée dit avoir été, "pour la première fois" depuis sa première élection en 2017, "la cible de menaces directes d'un autre député".

"À l'occasion d'une suspension de séance, Manuel Bompard m'a jeté à la figure à plusieurs reprises ce qui suit: 'Tu vas le payer, tu vas payer ce que tu es en train de faire, tu es complice oui, tu paieras ça oui oui, y compris électoralement'", écrit Naïma Moutchou dans son communiqué.

La manière dont Naïma Moutchou a présidé la séance publique semble être à l'origine de la colère du groupe insoumis. Sur X aussi, Manuel Bompard "confirme avoir indiqué à Naïma Moutchou lors d’une suspension de séance qu’elle aurait à assumer électoralement sa participation au blocage organisé de l’abrogation de la retraite à 64 ans." "Aucun d’entre nous n’a jamais proposé de régler les différends politiques autrement que par le vote", a-t-il assuré.

Répondant à la publication de Naïma Moutchon, le député LFI Ugo Bernalicis a aussi affirmé qu'"une ligne rouge a été franchie, en effet. Une présidence qui participe à l'obstruction, c'est un scandale! J'étais aux premières loges. Et ce n'est pas la première fois..."

Une journée très tendue à l'Assemblée

Naïma Moutchou juge avoir été ciblée en raison de son genre et de ses origines. "Pourquoi ceux qui m'ont succédé à la présidence (deux hommes), en appliquant les mêmes règles que moi, n'ont-ils pas été la cible de telles intimidations? Pourquoi m'attaque-t-on avec une telle virulence? Est-ce parce que je suis une femme? Et une femme issue de l'immigration?", a-t-elle demandé dans son communiqué.

Manuel Bompard estime de son côté que ces "accusations de racisme ou de machisme" ajoutent "à l’infamie". "Disons les choses franchement: si la séance suivante s’est bien déroulée, c’est parce que la partialité dont a fait preuve Naïma Moutchou dans l’organisation des débats a disparu avec les présidences suivantes, pourtant elles aussi soutiens du gouvernement", dit-il.

La tension était très forte ce jeudi dans l'hémicycle, où le député Modem Nicolas Turquois a manqué d'en venir aux mains avec d'autres parlementaires. "J'ai pété un câble", a-t-il concédé sur BFMTV, alors que des huissiers ont dû s'interposer tard jeudi soir en marge du débat houleux sur l'abrogation de la réforme des retraites.

Le député LFI Antoine Léaument a également dit avoir été menacé par Nicolas Turquois, alors qu'il lui demandait de sortir.

À l'origine de la colère de Nicolas Turquois, des "pratiques de dénonciation par liste" susceptibles d'atteindre ses "proches" et "inacceptables": La France insoumise a en effet publié les noms des députés macronistes et de droite s'étant opposé à l'abrogation de la retraite à 64 ans, en pratiquant l'obstruction avec le dépôt d'un millier d'amendements.

Dans un communiqué publié vendredi, la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a condamné "fermement" les "incidents" survenus jeudi, rappelant que "les invectives et les altercations n'ont pas leur place dans l'hémicycle". L'élue Ensemble "déplore les multiples remises en cause des présidences de séance, qui participent de la dérive des débats à laquelle il est temps de mettre fin".

La France insoumise avait placé en tête des textes de sa "niche parlementaire" - la journée annuelle réservée à ses textes -, une proposition de loi visant à abroger la réforme de 2023 qui a reculé l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Mais le texte n'a pu être voté, en raison de centaines d'amendements déposés par la coalition gouvernementale afin de ralentir les travaux qui devaient nécessairement se terminer à minuit, et de débats houleux marqués par de multiples rappels au règlement et suspensions de séance.

Sophie Cazaux