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Retraites: Mélenchon dénonce les méthodes "extraordinairement violentes" d'Édouard Philippe

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Surpris par la manière dont le Premier ministre a expédié le dépôt de l'article 49.3 de la Constitution pour faire passer le volet ordinaire de la réforme, le leader de La France insoumise annonce que son groupe déposera une motion de censure contre le gouvernement.

Ce n'est pas une réaction surprenante. Jean-Luc Mélenchon est l'un des premiers leaders de l'opposition à dénoncer l'usage, par Édouard Philippe, de l'article 49.3 de la Constitution pour faire passer sans vote le projet de loi ordinaire portant réforme des retraites. Interrogé sur notre antenne, le leader de La France insoumise a qualifié d'"extraordinairement violente" la méthode du gouvernement, même si ce dénouement était prévisible.

"On a été d'abord un peu choqué du procédé, parce qu'il n'est pas très élégant (...) tout à coup il surgit le samedi, aucun des présidents de groupe n'est alerté du fait qu'il va prendre la parole", a entamé le député des Bouches-du-Rhône.

"J'insiste sur la violence particulière de ces procédés. Et le Premier ministre, sous ses airs de dandy élégant et nonchalant, a des méthodes extraordinairement violentes finalement", estime-t-il. Selon Jean-Luc Mélenchon, l'article 49.3 "n'est pas fait pour clore une discussion avec l'opposition".

"C'est fait quand un gouvernement a une difficulté avec sa majorité, il la met devant ses responsabilités, la met au pied du mur et il lui dit, 'ou bien vous déposez une motion de censure ou bien le texte est adopté'. (...) Là ça a été utilisé par un effet manœuvrier de surprise", se plaint-il.

Une motion de censure de gauche?

Si sa lecture globale de l'outil dégainé par le Premier ministre d'Emmanuel Macron est juste, le chef de file du groupe LFI occulte toutefois les épisodes où l'article 49.3 a été utilisé pour contrecarrer une obstruction parlementaire. Ce fut le cas notamment en 1982 sur les nationalisations promises par François Mitterrand, en 1993 sur des privatisations engagées par Édouard Balladur, ou en 2003 lorsque Jean-Pierre Raffarin veut écourter les discussions sur un texte modifiant la loi électorale.

Jean-Luc Mélenchon reproche par ailleurs à La République en marche d'avoir été "incapable" de défendre son propre projet de loi. Son groupe va-t-il déposer une motion de censure d'ici lundi après-midi?

"Ça va de soi! Je viens de me concerter avec le président du groupe communiste André Chassaigne, nous sommes en train de préparer le texte, les socialistes que nous avons vus (...) disent qu'ils sont disposés à signer cette motion de censure. (...) Dussions-nous y passer la nuit, nous préparerons cette motion de censure", prévient le patron des insoumis. 

À deux reprises déjà, Jean-Luc Mélenchon a proposé au PS de se joindre à lui pour signer une motion de censure. Les deux fois, le parti dirigé par Olivier Faure lui a opposé une fin de non-recevoir. Afin de déposer une motion de censure, il faut réunir 58 signatures. Les 17 insoumis et 16 communistes auront donc inévitablement besoin de l'apport de leurs 30 collègues socialistes pour le faire. Faute de quoi, ils devront se contenter de voter la motion de censure que le groupe Les Républicains, suffisamment nombreux, compte déposer.

"Ils ont bâclé cette réforme"

Interrogé, le député LFI François Ruffin a lui-même déclaré que le dépôt d'une motion de censure relevait de l'évidence. Selon lui, les marcheurs "ont bâclé cette réforme (...) d'abord dans la négociations avec les syndicats, les partenaires sociaux, y compris le Medef, qui disait que le calendrier qui était proposé était intenable".

"Maintenant ils bâclent le passage à l'Assemblée, ils auraient pu choisir un temps législatif programmé, à la place ils ont choisi une procédure accélérée, et on vient nous dire au bout de 15 jours, 'voilà, ça va passer vite', pour un pacte social qui existe entre les Français depuis l'après-guerre", juge le député de la Somme.

"Ils sont seuls dans le pays, face à deux tiers des Français qui refusent ça, ils sont seuls face aux syndicats, ils sont seuls face au Conseil d'État, et maintenant ils passent aussi en force à l'Assemblée, un samedi après-midi en catimini", a-t-il poursuivi avant de qualifier ses collègues LaREM de "lâches".

Jules Pecnard