Rejet de la programmation budgétaire au Sénat : à quoi jouent les communistes ?

"Nous sommes dans la majorité de gauche" martèlent les communistes, après avoir uni leurs voix une seconde fois à celles des sénateurs UMP et centristes pour retoquer un projet de loi du gouvernement.

Les communistes sont-ils en train de devenir les meilleurs opposants au gouvernement ? Pour Arnaud Montebourg, pas de doute, "les communistes sont maintenant clairement dans l'opposition" a-t-il lâché jeudi sur BFMTV, après le rejet au Sénat du projet de loi de programmation budgétaire 2012-2017 en raison, notamment, du vote des sénateurs de leur groupe qui, comme ils l'avaient fait la semaine dernière sur le texte PS relatif aux tarifs de l'énergie, ont uni leurs voix à celles des sénateurs UMP et centristes pour retoquer un projet de loi du gouvernement.

Une conduite "grave"

Avant le ministre du Redressement productif, Bruno le Roux est monté au créneau pour leur reprocher une conduite que le chef de file des députés PS à l'Assemblée qualifie de "grave". "Je constate qu'ils ne sont pas dans la majorité gouvernementale. Ils votent avec nous sur un certain nombre de textes à l'Assemblée, mais c'est grave de ne pas voter le budget", a commenté ce proche du chef de l'Etat, alors que le gouvernement s'attend au rejet probable du projet de budget de la Sécurité sociale, toujours en raison de l'opposition des sénateurs communistes.

Si bien que le Sénat de gauche risque paradoxalement de se retrouver dans la situation que la Haute assemblée avait connue sous Lionel Jospin (1997-2002), où elle avait systématiquement torpillé les textes du gouvernement… sauf qu'elle était à majorité de droite.

Bras de fer

Dès lors, un bras de fer est entamé entre l'exécutif et les communistes. Ces derniers ont été reçus par Marisol Touraine et Jérôme Cahuzac, qui n'ont rien lâché, et devraient rencontrer le Premier ministre Jean-Marc Ayrault pour une mise au clair dans la soirée de jeudi. Mais fort est à craindre que chacun campera sur ses positions, les communistes accusant le gouvernement Ayrault de multiplier les textes allant "à l'inverse des aspirations populaires" en soutenant une loi "filleule du traité budgétaire européen" qui justifie "leur refus de l'austérité".

"Nous ne sommes pas dans l'opposition, nous sommes à gauche et nous voulons que la gauche réussisse", a toutefois déclaré jeudi l'ex-numéro un du PCF Marie-George Buffet, comme l'avait fait avant elle la sénatrice Mireille Schurch lors du rejet du texte socialiste sur la tarification progressive de l'énergie, fin octobre. "Nous espérons que le gouvernement saura tirer les leçons de ce qu'il s'est passé : qu'il saura nous écouter et nous entendre", a-t-elle justifié tout en martelant que les communistes faisaient bien partie de la majorité. "Nous considérons être dans la majorité de gauche sénatoriale et nous voulons que la gauche réussisse ".