Guerre d’Algérie : une loi pour fixer la "journée du souvenir" ?

Le Sénat - -
Après la reconnaissance de la "sanglante répression" du 17 octobre 1961, le discours de François Hollande sur la responsabilité de la France dans le massacre des Juifs sous Vichy, une nouvelle intervention mémorielle est prévue jeudi au Sénat.
La chambre haute examine une proposition de loi visant à faire du 19 mars, date anniversaire du cessez-le-feu en Algérie en 1962, une "journée nationale du souvenir" en mémoire des victimes du conflit.
Un débat sur un sujet sensible, qui ravive les polémiques entre associations d'anciens combattants et de rapatriés d'Algérie.
Une série de reconnaissances qui agace à droite. La semaine dernière, François Fillon avait ainsi fustigé : "J'en ai assez que tous les quinze jours la France se découvre une nouvelle responsabilité, qu'elle mette en avant sa culpabilité permanente." Des propos condamnés par Serge et Arno Klarsfeld dans une tribune du journal Le Monde.
Lundi, une dizaine de parlementaires UMP ont également dénoncé l'examen d'un texte qui risque d'être promulgué sans que l'Assemblée ne soit à nouveau consultée.
Chose rarissime, la proposition de loi, d'inspiration communiste, avait été votée en 2002, sous Lionel Jospin. Le gouvernement a décidé de la proposer telle quelle au Sénat.
"C'est un déni de démocratie", écrivent ces élus de droite, issus de départements avec une forte communauté rapatriée, qui appellent le chef de l'Etat à refuser "cette offense à la mémoire des pieds-noirs, des harkis et des anciens combattants".
Pour de nombreuses associations, d'anciens combattants, mais aussi de rapatriés d'Algérie, le 19 mars marque en fait le début de l'exode de pieds-noirs et de la tragédie des harkis, massacrés dans les semaines qui suivirent le cessez-le-feu. Les Oranais ont en mémoire le 5 juillet, jour de l’indépendance, où de nombreux colons furent massacrés dans leur ancienne ville. Pour de nombreux opposants au projet de loi, le 11 novembre est la bonne date pour honorer la mémoire de ceux qui sont morts pour la France.
Reste, qu'entre elles, les associations se querellent. La FNACA, qui revendique 350.000 adhérents, principalement d'anciens appelés du contingent, défend bec et ongles la date du 19 mars pour rendre hommage aux victimes.
Pour les sénateurs socialistes, il s'agit d'"un texte de réconciliation nationale". Les élus PS souhaitent "que la reconnaissance du 19 mars apporte l'apaisement, pour assumer collectivement cette page douloureuse et inoubliable de l'histoire de France". Un message que ne manquera pas de souligner François Hollande, bientôt en déplacement en Algérie.
|||L'apaisement avant le déplacement
|||La gronde de la droite et des rapatriés