"Elle est courageuse si elle y va": l'atterrissage de Lucie Castets pour les législatives en Isère évoqué

Lucie Castets à Blois le 30 août 2024 - Guillaume SOUVANT / AFP
Une belle porte de sortie. Avec la démission annoncée du député Hugo Prevost, exclu du groupe de La France insoumise après des accusations de "faits graves sexuels", la circonscription détenue par Olivier Véran jusqu'en juin dernier est libre. De quoi offrir une chance à Lucie Castets de s'y présenter pour faire son entrée à l'Assemblée nationale.
"Si elle a envie d'aller au contact des Français, je dis pourquoi pas ? Elle est courageuse si elle y va. Une législative partielle, ce n'est jamais gagné d'avance", avance la députée socialiste Dieynana Diop, porte-parole du parti, auprès de BFMTV.com.
Une circonscription favorable sur le papier
Celle qui était candidate au nom du Nouveau front populaire pour rentrer à Matignon pourrait donc bien être candidate dans la première circonscription de l'Isère. Après avoir quitté son poste de directrice des finances à la mairie de Paris, la fonctionnaire est bien décidée à rester en piste. Elle était par exemple présente ce mercredi soir à l'Assemblée nationale lors de la présentation du contre-budget 2025 de la gauche.
Mais comment lui permettre de continuer à exister politiquement pendant les prochains mois, sans mandat? Exit la possibilité de se présenter dans les Ardennes, là où une élection partielle se prépare après la démission du député RN Flavien Termet. Il faut dire que la circonscription est à droite depuis 2002 et ne laisse que peu de chances à une victoire de gauche.
La circonscription d'Hugo Prevost, elle, est bien plus favorable sur le papier. Détenue par La France insoumise dans le cadre de l'accord passé à gauche en juin dernier, cette circonscription a longtemps été dans le giron de la gauche avant de tomber dans l'escarcelle de la macronie.
"Pas encore ouvert la réflexion interne"
Quant à la dernière présidentielle, Jean-Luc Mélenchon a recueilli 38% des voix à Grenoble, l'une des communes de la circonscription. Autant dire que Lucie Castets pourrait s'y présenter dans des circonstances favorables. Mais avec déjà un handicap: celui du contexte d'une législative partielle dans laquelle l'abstention risque de peser très lourd. Et il faut encore que toute la gauche se mette d'accord.
Du côté des insoumis, sa figure semble toujours faire l'unanimité. Mathilde Panot a évoqué son nom à la tribune mardi dernier lors de l'examen de la motion de censure, la considérant toujours comme une hypothèse sérieuse pour Matignon en cas de départ de Michel Barnier.
Jean-Luc Mélenchon lui a tressé des lauriers aux universités d'été de LFI, voyant en elle une femme qui "n'est pas insoumise" mais "qui le mériterait".
"Nous n'avons pas encore ouvert la réflexion interne. Nous attendons que la démission annoncée d'Hugo Prevost soit effective" et bien envoyée à l'Assemblée nationale, indique de son côté la direction du parti.
Les socialistes locaux en éveil
"S'ils ne disent pas non clairement, c'est que c'est oui", décrypte un député socialiste. Mais au sein du parti à la rose, l'enthousiasme est moins palpable.
"Lucie Castets a été parfaite dans l'exécution de sa mission", a certes avancé Olivier Faure sur BFMTV fin septembre, en utilisant donc le passé composé et sans dire qu'elle restait toujours la candidate de la gauche pour Matignon en cas de démission de Michel Barnier.
Il faut dire que l'ex-fonctionnaire de la ville de Paris a mis l'embarras à gauche en se disant la veille sur notre antenne "plutôt favorable" à la régularisation de "tous les sans-papiers" qu'ils travaillent ou pas, loin de la position des socialistes.
Le PS local pourrait également vouloir mettre son grain de sel. La fédération de Grenoble a écrit un courrier à la direction nationale en mettant en avant les bons scores de Raphaël Glucksmann aux dernières européennes, d'après des informations du Dauphiné libéré.
"À date, la question ne se pose pas pour elle"
Manon Aubry était arrivée en tête à Grenoble au soir des européennes au coude-à-coude avec le candidat socialiste-Place publique avec seulement 400 voix d'écart.
Contactés, les écologistes ont de leur côté "affirmé n'avoir pas du tout été sollicités sur le sujet pour l'instant". Le camp communiste, lui, n'a pas répondu à nos sollicitations.
Manifestement soucieux de ne pas brûler les étapes, l'entourage de Lucie Castets fait le dos rond.
"La proposition ne lui a pas été faite officiellement par les 4 chefs de partis et militants locaux donc, à date, la question ne se pose pas pour elle", nous explique l'une de ses proches.
Un éventuel duel avec Olivier Véran
En cas d'investiture, Lucie Castets pourrait croiser le fer avec Olivier Véran qui avait été battu de peu en juillet dernier avec 1.320 voix d'écart. L'ex-ministre de la Santé, qui a un temps hésité à devenir chirurgien esthétique avant de reprendre la neurologie, aura-t-il envie de retourner au combat? C'est pour l'instant le silence radio de son côté.
L'ancienne députée Émilie Chalas, candidate aux municipales à Grenoble en 2020, élue dans une circonscription voisine avant de se désister au second tour, pourrait également vouloir retenter sa chance. Même topo pour son ancien collègue Jean-Charles Colas Roy.