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Parlement

Cahuzac: la réunion de la discorde

Le député UDI Charles de Courson, président de la commission parlementaire chargé d'enquêter sur l'affaire Cahuzac.

Le député UDI Charles de Courson, président de la commission parlementaire chargé d'enquêter sur l'affaire Cahuzac. - -

L'absence de "souvenirs" de Jérôme Cahuzac à propos d'une entrevue à l'Elysée le 16 janvier pourtant évoquée par Pierre Moscovici, est au cœur de la polémique. Retour sur une confrontation annoncée.

Le refus par la majorité socialiste siégeant à la commission parlementaire Cahuzac d'auditionner le Premier ministre Jean-Marc Ayrault pour faire la lumière sur un échange ayant eu lieu le 16 janvier à l'Elysée, a été la dissension de trop. Mercredi, les membres UMP de la commission d'enquête ont claqué la porte. Retour sur les prémices d'une rupture annoncée.

> Acte I: Moscovici évoque une réunion du 16 janvier

La commission parlementaire enquêtant sur l'affaire Cahuzac est chargée d'établir "d'éventuels dysfonctionnement dans l'action du gouvernement et des services de l'Etat", avait expliqué son président, le député UDI Charles de Courson.

C'est à ce titre qu'elle a entendu Manuel Valls, Christiane Taubira, mais aussi Pierre Moscovici, le 16 juillet dernier.

C'est à ce moment que le ministre de l'Economie avait admis l'existence d'une réunion survenue le 16 janvier, dans le bureau du chef de l'Etat, et au cours de laquelle il avait informé, en présence de Jérôme Cahuzac, le président de la République et le Premier ministre de la possibilité d'utiliser la procédure d'entraide administrative avec la Suisse.

> Acte II: Jérôme Cahuzac est entendu pour la seconde fois

"Je n'ai aucun souvenir d'une réunion dans le bureau du président de la République", avait le 23 juillet dernier déclaré Jérôme Cahuzac, ajoutant n'avoir pas souvenir non plus d'un échange à l'issue du conseil des ministres à la même date.

"Selon moi, cette réunion n'a pas eu lieu", avait-il ajouté lors de sa seconde audition.

Dès lors, le raisonnement d'une partie des membres de la commission est simple: si Jérôme Cahuzac a perdu le souvenir de cette réunion pourtant évoquée par Pierre Moscovici, Jean-Marc Ayrault s'en souvient peut-être.

> Acte III: le refus de l'audition du Premier ministre provoque le clash

Le lendemain des demandes d'audition de Jean-Marc Ayrault et, commune, de Pierre Moscovici et Jérôme Cahuzac sont formulées. Elles sont rejetées au bout d'une heure et demie de discussion à huis clos, par huit voix contre dix. Dès le rejet acté, les membres UMP de la commission ont quitté la salle.

Dans la foulée, le président des députés UMP, Christian Jacob, a annoncé que les membres UMP de la commission suspendaient leur participation aux travaux de la Commission. Et cela, a précisé son entourage, tant que l'audition de Jean-Marc Ayrault ne serait pas décidée.

"On a aussi deux ministres qui disent des choses différentes. [...] Il faut absolument que Jean-Marc Ayrault vienne s'expliquer devant la commission", a justifié Christian Jacob.

> Acte IV: le président de la Commission ne désarme pas

La polémique va-t-elle retomber? Le principal intéressé, Jean-Marc Ayrault, a botté en touche, estimant que cette décision était "de l'entière responsabilité" de la commission d'enquête parlementaire.

De son côté, Charles de Courson, président de la commission, persiste et signe. Je maintiens mes propos selon lesquels 'telle qu'elle était rédigée, la lettre de la demande d'entraide administrative adressée à la Suisse (concernant la banque l'UBS), ne pouvait qu'avoir une réponse négative", écrit notamment le député dans un courrier en réponse à Pierre Moscovici.

Sur le point sensible de la réunion à l'Elysée du 16 janvier Charles de Courson s'étonne de la version du ministre de l'Économie selon laquelle le président de la République aurait lui-même informé Jérôme Cahuzac de la demande administrative d'entraide avec la Suisse sur son compte alors que "l'engagement d'une telle procédure ne relève pas" de ses "compétences constitutionnelles".

David Namias et AFP