Budget des communes: le congrès des maires s'invite à l'Assemblée

C'était son moment de gloire. Discrète depuis son entrée au gouvernement en février dernier, Estelle Grelier est intervenue à trois reprises ce mercredi lors des questions au gouvernement. La secrétaire d'Etat aux collectivités territoriales était en effet sous le feu de l'actualité. Alors que les maires de France sont réunis pour trois jours en congrès à Paris pour tenter d'obtenir l'arrêt des baisses des crédits de l'Etat aux communes, le sujet s'est invité au Palais Bourbon, dans un hémicycle désert.
"Les Français doivent savoir que depuis quatre ans vous organisez méthodiquement la plus grande faillite de France, celle de nos 35.800 communes", a lancé la première la députée LR Laurence Arribagé.
"Les maires sont une espèce en voie de disparition programmée dans cet hémicycle, raison de plus pour écouter ces praticiens quotidiens des finances locales", a renchéri le député-maire UDI Demilly.
A compter du 31 mars 2017, il sera interdit de cumuler un mandat de député, sénateur ou député européen et avec celui de maire d'une ville ou président d'une intercommunalité, une mesure qui passe encore mal à droite.
Sur ce même sujet, le député-maire Pierre Morel-A-L'Huissier a ajouté: "la ruralité souffre et vous ne l'entendez pas", plaidant pour "un droit à la différence" pour les communes rurales".
"Contrairement à ce que vous indiquez dans votre question, les budgets des collectivités ne sont pas en baisse, puisque la progression de leurs recettes fiscales comble la diminution des dotations de l'Etat", a répondu la secrétaire d'Etat aux Collectivités territoriales, sous les protestations de la droite.
Estelle Grelier a également avancé un "renforcement des dispositifs de péréquation".
Contre-attaque de la gauche sur le projet LR
Estelle Grelier a enfin interrogé les élus LR sur leur "cohérence quand on sait que votre formation politique plaide en faveur d'un plan d'économies de 100 milliards d'économies qui mettra les collectivités en grandes difficultés".
Dans la même ligne, le porte-parole du groupe PS à l'Assemblée a décrit François Baroin, président LR de l'Association des maires de France (AMF), en "Docteur Jekyll et Mister Hyde".
"Docteur Jekyll quand il dit qu'il faut arrêter les efforts d'économie pour les collectivités locales. Mister Hyde quand au côté de Nicolas Sarkozy, il soutient la proposition des Républicains de réduction de 100 milliards de dépenses publiques. (…) "Où veut-il tailler? Dans quels services publics?", a interrogé Hugues Fourage lors d'une conférence de presse à l'Assemblée.
Un geste attendu avant la présidentielle
Pour ce 99e et dernier congrès de maires avant la présidentielle de 2017, un geste de François Hollande est attendu lors de son discours de clôture jeudi.
Dans un entretien à Sud-Ouest, le Président a annoncé mardi qu'il tiendrait "un discours de vérité". "J'ai déjà fait en sorte de dégager un milliard d'euros cette année pour soutenir l'investissement des communes et des intercommunalités", a-t-il rappelé, se disant "attentif à la situation des collectivités", mais aussi garant des engagements pris au plan européen.
Il devrait néanmoins annoncer une "bonne nouvelle", croit savoir le Journal du Dimanche.
Amorcée en 2014 avec une baisse de 1,5 milliard d'euros, la réduction des dotations de l'Etat aux collectivités doit porter sur 11 milliards de 2015 à 2017. L'ensemble des associations d'élus communaux, toutes tendances confondues, réclament l'arrêt des ponctions et l'annulation de la tranche 2017.