Budget 2016: un marathon sur charbons ardents à l'Assemblée

La course de fond de l'examen du budget de l'Assemblée nationale s'annonce une nouvelle fois tendue. La droite épingle ainsi des "économies en trompe-l'œil" sur les 16 milliards d'euros annoncés. Une partie des économies est "non documentée", pointent les conclusions de la rapporteure générale Valérie Rabault (PS). "Je pense qu'elle sera rassurée par les explications que nous allons donner", a glissé lundi le secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert.
"Vous renoncez une nouvelle fois à vous attaquer au véritable sujet", a reproché mardi la députée Les Républicains, Véronique Louwagie, lors des questions au gouvernement.
"A chaque fois que nous proposons de faire une économie vous êtes contre et au même moment vous nous dites vous ne faites pas assez d'économies, alors expliquez-moi comment vous faites? C'est du n'importe quoi de votre côté", lui a répliqué le ministre des Finances, Michel Sapin, qui a "défendu un budget sérieux et solide".
Ayrault, ce poil à gratter
A gauche, si les socialistes "frondeurs" veulent encore infléchir le projet gouvernemental en faveur notamment des collectivités locales, certains élus jugent qu'il n'y a pas "la volonté de trop en découdre", car "les députés sont un peu désabusés et en période préélectorale".
Le rôle de poil à gratter revient inhabituellement à Jean-Marc Ayrault, à l'origine avec Pierre-Alain Muet (PS) d'un amendement cosigné par plus de 130 députés socialistes, pour amorcer une "réunification" de l'impôt sur le revenu et de la contribution sociale généralisée (CSG), piqûre de rappel à une promesse de campagne de François Hollande.
Mardi matin au micro de BFMTV, l'ancien Premier ministre a défendu une "réforme qui irait dans le sens de la justice et de la simplicité".
Jacob s'oppose à une "doctrine d'extrême gauche"
Le président du groupe Les Républicains, Christian Jacob, a dénoncé comme son homologue UDI Philippe Vigier l'idée d'une fusion entre impôt sur le revenu et CSG: Christian Jacob y voit "une bombe à retardement" qui augmenterait "les impôts des classes moyennes et classes moyennes supérieures". Il y voit un "jeu de massacre sur les classes moyennes" et va jusqu'à dénoncer "une doctrine d'extrême gauche".
Le Front de gauche dénonce "un budget d'austérité"
Déchirés entre pro et anti-gouvernement, les écologistes tenteront de se réunir autour de l'alourdissement de la taxation du diesel, souhaitée aussi par certains socialistes, mais le gouvernement veut repousser ce débat au budget rectificatif de fin d'année.
Les députés Front de Gauche ne voteront pas "un budget d'austérité", où "le gouvernement rate la dernière chance de revenir sur le pacte de responsabilité" avec les entreprises, selon leur président, André Chassaigne.