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Parlement

Abrogation du délit d'apologie du terrorisme: Attal appelle les autres groupes du NFP à se "désolidariser" de LFI

Gabriel Attal le 8 octobre 2024 à l'Assemblée nationale

Gabriel Attal le 8 octobre 2024 à l'Assemblée nationale - Thomas SAMSON / AFP

Gabriel Attal appelle ce samedi 23 novembre, les députés socialistes, écologistes et communistes à se "désolidariser clairement" de LFI.

La France insoumise (LFI) a déposé ce mardi 19 novembre à l'Assemblée une proposition de loi visant à abroger le délit d'apologie du terrorisme. Jugeant cette "proposition de loi gravissime", Gabriel Attal, président du groupe Ensemble pour la République à l'Assemblée nationale, a demandé, dans une lettre envoyée ce samedi 23 novembre, aux autres groupes du NFP à se "désolidariser clairement" de LFI.

"Une limite fondamentale a été franchie: celle du respect que nous devons à toutes les victimes du terrorisme. Car les dispositions qui sont visées sont précisément celles qui nous permettent aujourd’hui de réprimer les prêcheurs de haine qui menacent notre pays et les valeurs de la République", écrit l'ancien Premier ministre.

Dans cette lettre adressée à Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Cyrielle Chatelain, cheffe de file des écologistes et à André Chassaigne, président du groupe Gauche démocrate et républicaine, Gabriel Attal dit se souvenir "que c’est la gauche républicaine qui avait proposé et fait voter en 2014 ce texte qui protégeait la sécurité des Français et préservait donc leur liberté".

"Faire passer l’intérêt de la Nation au-dessus des intérêts d’appareils politiques"

Le député des Hauts-de-Seine estime qu'en "plein procès de l’assassinat de Samuel Paty, la proposition de loi de la France insoumise est une insulte et une tache indélébile sur ceux qui la portent".

"Elle s’attaque au cœur de ce qui devrait unir notre pays, notamment face à la menace terroriste islamiste. Elle foule aux pieds la dignité des victimes et de leurs familles, qui méritent au contraire le respect de tous et l’hommage de la Nation", déclare-t-il.

Gabriel Attal appelle donc les autres groupes du NFP à "faire passer l’intérêt de la Nation au-dessus des intérêts d’appareils politiques". Et il leur demande ainsi s'ils sauront "se désolidariser clairement de cette proposition de loi" afin de "défendre nos valeurs, celles de la République".

"Il est impératif de protéger les libertés publiques"

En proposant de supprimer le délit d'apologie du terrorisme, La France insoumise s'est attirée de nombreuses condamnations sur l'échiquier politique. Les condamnations se sont additionnées ce samedi chez les macronistes comme à droite, le ministre (LR) de l'Intérieur Bruno Retailleau jugeant "difficile de faire plus ignoble".

Face aux critiques, le leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon a dénoncé "une nouvelle agression contre LFI venue de l'extrême droite et servilement reprise par l'officialité médiaticopolitique". "Plutôt que de se faire des films, lire le texte de la proposition de loi", dit-il.

Mais la controverse a également percé à gauche, avec une cinglante réplique du premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, revenant également sur les critiques de Jean-Luc Mélenchon contre le chancelier socialiste allemand Olaf Scholz sur sa position envers la décision de la Cour pénale internationale à l'égard du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu.

"Je regrette la position allemande qui n'est pas la mienne, mais au même moment je ne dépose pas (un texte) qui abroge purement et simplement le délit d'apologie du terrorisme, dont la définition demande seulement à être précisée pour en éviter les dérives. Il est impératif de protéger les libertés publiques mais aussi de protéger les Français du fanatisme et des appels à la violence et la haine", écrit sur X Olivier Faure.

Les socialistes évitent "de marginaliser la défense des Palestiniens en ne sombrant pas dans les provocations et en refusant de considérer l'antisémitisme comme 'résiduel'", grince encore le patron du PS, reprenant un terme utilisé par Jean-Luc Mélenchon. Et d'accuser LFI de "diviser" le "camp de la paix" et de chercher à "instrumentaliser électoralement la tragédie".

Juliette Brossault avec AFP