Paris: la tour Triangle va-t-elle voir le jour?

VIDEO - L'avenir de ce projet pharaonique, présenté en 2008 et qui pourrait prendre pied dans le 15e arrondissement de la capitale, se joue ce lundi sur la table du Conseil de Paris. Tant au niveau des riverains que sur le terrain politique, les opposants à ce gratte-ciel de 180 mètres de haut sont nombreux.

C’est un projet qui occupe les tiroirs de la mairie de Paris depuis plusieurs années. Présentée en 2008, la "Tour Triangle" imaginée par le duo d’architectes suisses Jacques Herzog et Pierre de Meuron, va-t-elle finalement voir le jour, malgré l’opposition de certains riverains?

Cette question, qui fait maintenant débat de longue date, va être tranchée ce lundi, lors du Conseil de Paris organisé en ce début de semaine. En fonction du résultat, la construction de l'édifice pourrait être sérieusement retardée, voire enterrée.

180 mètres de hauteur

Haut de 180 mètres, ce gratte-ciel pyramidal pourrait voir le jour porte de Versailles, dans le 15e arrondissement de la capitale, en plein cœur du Parc des expositions, qui accueille chaque année de nombreux salons internationaux.

Si ce projet pharaonique voit véritablement le jour, ce serait alors le deuxième immeuble de grande hauteur situé dans Paris intra-muros, juste derrière la tour Montparnasse et ses 210 mètres, dont l'inauguration remonte, elle, à 1973.

Estimée à 500 millions d’euros

Problème: comme à chaque fois qu’il est question de hauteur à Paris, le sujet devient des plus délicats. Et construire dans la capitale un immeuble qui ne répond pas à la stricte règle haussmannienne fait toujours débat, plusieurs associations de riverains s’étant liguées contre cette grande tour, estimée à 500 millions d’euros, et entièrement financée par le groupe Unibail-Rodamco. Un sondage BVA réalisé en juillet 2013 pour 20 Minutes montrait par ailleurs que 56% des Parisiens y étaient hostiles.

Certains, comme l'explique le collectif "Contre la tour Triangle", craignent notamment qu'une imposante construction de ce type ne fasse trop d'ombre aux immeubles d'habitation environnants.

Ce que prévoit pour l'heure le projet

En l’état, la pyramide du 15e arrondissement, avec ses 43 étages, pourrait accueillir près de 80.000 mètres carrés de bureaux, un centre de santé de 540 mètres carrés et une crèche de 780 mètres carrés.

Face au problème du logement, ça ne passe pas

Or, dans une ville où le logement se fait aussi rare et les loyers prohibitifs, le fait que la tour Triangle ne prévoie pas de nouvelles habitations fait également grincer des dents sur le terrain politique. Si, avec ce projet, la maire PS Anne Hidalgo suit le chemin tracé par l'ex-maire de Paris Bertrand Delanoë, les opposants au projet se font de plus en plus nombreux autour de l’édile, à l’exception du PCF, qui a encore confirmé vendredi soir qu'il était favorable à cette grande tour.

Ainsi, la droite, le centre et les Verts ne veulent absolument pas de ce gratte-ciel. Au point même qu’ils ont tous réclamé que le vote, qui aura lieu ce lundi, se déroule selon un scrutin "public" afin d’éviter "des combines", des "petits arrangements entre amis".

"Il n'est pas possible", sur un "sujet phare" tel que celui-ci de "priver les Parisiens de la vérité du vote et de la transparence", a par exemple affirmé Eric Azière, le président du groupe UDI-Modem au Conseil de Paris.

Même son de cloche pour l’ancienne ministre UMP, Nathalie Kosciusko-Morizet, défaite en mars dernier dans la course à l’Hôtel de ville par Anne Hidalgo, et qui s'était déjà écharpée avec sa rivale sur ce sujet au cours de la campagne: "Nous on est contre le scrutin secret (...) La règle c'est que le vote est public. Le vote secret, c'est pour les désignations personnelles".

Anne Hidalgo ne s’arrêtera pas là

Un temps hésitante sur la position à adopter sur l’avenir de la tour Triangle, Anne Hidalgo a déjà envisagé la possibilité que son projet subisse un important coup de frein ce lundi. Si rien n’est fait, la socialiste a annoncé la semaine dernière dans Les Echos qu’elle resterait déterminée.

 "Je reprendrai le projet, je continuerai à travailler. J'ai pris le risque de porter ce dossier sur la place publique. Et il s'agit de la toute dernière étape (...) Je n'abandonnerai pas à ce stade", avait-elle affirmé au quotidien économique.

Sur les 163 élus que compte le Conseil de Paris, les opposants auraient pour l’instant l’avantage, puisqu’ils seraient près de 86. Mais d’ici au vote fatidique, bien des choses peuvent encore se passer.

https://twitter.com/jmaccaud Jérémy Maccaud Chef d'édition BFMTV