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Politique

On a (peut-être) trop vite enterré Copé

Hervé Gattegno

Hervé Gattegno - -

Le duel Copé-Fillon s’est encore tendu ce week-end avec des attaques réciproques des deux rivaux par journaux interposés. Le vote des adhérents aura lieu dimanche, et une surprise n’est plus à exclure.

Il se passe quelque chose dans cette campagne qui nous a paru si ennuyeuse : non pas ces invectives, pas non plus des idées neuves qui émergeraient mais une sorte d’effet Copé. Ce n’est pas une vague, mais un courant. L’écho qui nous revient des villes où Jean-François Copé tient ses meetings, c’est qu’il soulève l’enthousiasme des militants là où François Fillon suscite une admiration polie. Pas mal d’élus commencent à dire que le résultat sera serré. Vu que les sondages ont toujours donné une large avance à Fillon, c’est le signe d’une remontée. Dans cette fin de campagne, c’est Copé qui a le vent dans le dos.

C’est vrai que les sondages sont faits auprès des « sympathisants » alors que seuls les adhérents votent. Peut-il y avoir une différence aussi grande entre les deux ?

Ce que traduisent les sondages, c’est la différence de statut des deux hommes dans l’opinion. Fillon apparaît comme un homme d’Etat, Copé comme un chef de meute. Mais les deux camps tablent sur quelque 150 000 votants (sur 260 000), soit le noyau dur des militants. Dans ce cas, on peut penser que Copé a un avantage parce qu’il a, indéniablement, la faveur de la base. D’ailleurs, si François Fillon lui reproche « un double langage : un pour les adhérents, un pour les Français » (dans Le Parisien), c’est qu’il sent que Copé séduit davantage les militants. Que Fillon évoque d’avance le risque de triches n’est pas non plus le signe d’une grande sérénité…

En tout cas, ce qui paraît évident dans les sondages, c’est que le grand favori des électeurs de droite, ce n’est ni Copé ni Fillon mais Nicolas Sarkozy. Est-ce que ça peut peser sur l’élection à l’UMP ?

La popularité de Nicolas Sarkozy souligne, par contraste, le faible leadership de Copé et de Fillon – à eux deux, ils n’ont pas réussi à le faire oublier ! Et si la presse et les sondeurs posent tant la question de son retour, c’est que N. Sarkozy reste le principal facteur d’intérêt à droite et il faut bien vendre… Cela dit, la campagne a révélé un vrai clivage à l’UMP entre ceux qui veulent le retour de Sarkozy et ceux qui ne le veulent pas. Copé a pris la tête des premiers. Par calcul plus que par adhésion. Mais ça lui vaut le soutien de la plupart des sarkozistes – les historiques et les hystériques. C’est un atout de plus.

En conclusion, vous pensez qu’à une semaine du scrutin, Jean-François Copé est devenu favori ?

Peut-être pas mais il a incontestablement réussi à casser la marche tranquille et triomphale de François Fillon – sans verser dans la psychanalyse sauvage, la campagne n’a pas été une partie de plaisir pour Fillon, entre son accident de scooter et ses calculs rénaux. Copé, lui, a eu l’audace de calculs électoraux discutables (le « racisme anti-blancs », le pain au chocolat) au risque de faire pencher l’UMP très à droite. Mais il est sûr d’avoir pris date. Gagnant ou perdant, on sait que sa campagne ne s’arrêtera pas dimanche. Il y aura la primaire en 2016. Mais avant, il y aura une autre élection pour la présidence de l’UMP car le mandat est de trois ans. Conclusion : Fillon n’est pas encore président et Copé n’a pas fini d’être candidat.

Pour écouter le Parti Pris d'Hervé Gattegno de ce lundi 12 novembre, cliquez ici.

Hervé Gattegno