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Politique

Notre-Dame-des-Landes: José Bové à la manoeuvre avec le soutien de Hulot

José Bové le 19 décembre 2017 en Espagne.

José Bové le 19 décembre 2017 en Espagne. - PIERRE-PHILIPPE MARCOU / AFP

Des négociations sont en cours avec les paysans et zadistes agriculteurs installés sur les 1.650 hectares de la zone. En cas d'abandon du projet d'aéroport, ils pourraient être autorisés à rester.

Alors que l'exécutif rendra sa décision finale sur Notre-Dame-des-Landes fin janvier, en coulisses les concertations vont bon train. Edouard Philippe rencontre à partir de ce vendredi les élus locaux pour de dernières concertations. Comme le révèle RMC, le gouvernement aurait d'ores et déjà décidé d'évacuer la ZAD ("zone d'aménagement différé", devenue "zone à défendre" pour les opposants au projet) quelle que soit la décision finale.

Dans le rapport rendu en décembre, les médiateurs évoquaient une extension de l'actuel aéroport et l'abandon du projet. Cette hypothèse est donc sur la table, et souhaitée notamment par José Bové, impliqué dans ce dossier. Ce qu'espère le député européen, soutenu par Nicolas Hulot, c'est que la zone soit réhabilitée, à la manière d'un nouveau Larzac. 

"Je participe de toutes les manières que je peux pour aider à une solution si le projet ne se fait pas, et j'essaie de contribuer avec l'exemple que l'on a eu sur le Larzac pour donner les outils nécessaires à sa réalisation", expliquait-il jeudi sur Europe 1.

Le Larzac, un modèle depuis 35 ans

La lutte du Larzac a commencé en 1971, contre un projet d'agrandissement d'un camp militaire sur 14.000 hectares de terres agricoles. Les opposants, mobilisés pendant 10 ans, ont finalement obtenu un abandon du projet après l'élection de François Mitterrand en 1981. Un bail de très longue durée a ensuit été mis en place entre l'Etat et une structure chargée de louer les terres aux agriculteurs. La société civile du Larzac, cette structure, est née en 1985. Depuis, les décisions sont prises collectivement par les agriculteurs: prix des fermages, attribution des terres, a rappelé José Bové, qui y est devenu éleveur de brebis.

"Cela fait maintenant plus de 35 ans que l'on a mis ce modèle en place et ça fonctionne tellement bien que Stéphane Le Foll l'a prolongé de 99 ans en 2013", s'est-il félicité. 

Négociations avec paysans et zadistes

Le gouvernement envisagerait effectivement de s'inspirer de ce modèle, car il permettrait de limiter au maximum les affrontements. D'après les informations de RMC, outre le plan d'évacuation prévu par l'Intérieur, qui prévoit le déploiement de 2.500 militaires et gendarmes, des négociations sont en cours avec les paysans installés sur la zone et les zadistes. SI la zone est évacuée, les paysans qui ont refusé de quitter leurs terres sur la zone de Notre-Dame-des-Landes (qui s'étend sur 1.650 hectares) et les zadistes qui y sont installés depuis plusieurs années et ont déclaré une activité d'agriculteur pourraient être autorisés à rester. 

"Tous ceux qui sont engagés sur des projets, et je dirais que c'est la très grande majorité (des occupants de la ZAD, ndlr), ceux-là vont s'inscrire dans le processus, et ce processus va mettre deux ans pour que la question juridique des expropriations soit réglée", a estimé José Bové sur Europe 1.

Les zadistes militants pourraient "naturellement partir"

Concrètement, si un scénario à la Larzac est mis en place, la première étape sera de mettre un terme au processus d'expropriation des habitants de la zone, et remettre à plat la situation foncière, afin d'identifier notamment les propriétaires déjà expropriés et ceux qui ont vendu à l'amiable. "Ensuite, en fonction de ce qui reste à l'Etat, on met en place une structure qui permet de gérer l'usage du foncier et des bâtiments qui existent", a détaillé José Bové. 

Quant aux zadistes militants, ceux qui n'ont pas d'activité agricole sur le site, ils pourraient selon lui décider de partir d'eux-mêmes. "Que des gens soient venus uniquement parce que ce qui les intéressait, c'était de combattre contre et que c'était un lieu d'expérimentation de vie au quotidien (....), je pense que ceux-là vont naturellement partir. Ca va peut-être se faire en un mois, en trois semaines, trois mois, je n'en sais rien. Mais c'est évident que le fait de l'abandon du projet, et s'il y a abandon du projet, modifiera radicalement les choses", a-t-il ajouté.

Charlie Vandekerkhove