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Politique

Nicolas Sarkozy en mode charmeur au Salon de l'Agriculture

Nicolas Sarkozy a transformé son passage au Salon de l'Agriculture en étape électorale, multipliant les paroles d'apaisement à l'adresse des éleveurs confrontés à la flambée des prix des matières premières. A un an de la présidentielle, le chef de l'Etat

Nicolas Sarkozy a transformé son passage au Salon de l'Agriculture en étape électorale, multipliant les paroles d'apaisement à l'adresse des éleveurs confrontés à la flambée des prix des matières premières. A un an de la présidentielle, le chef de l'Etat - -

par Marie Maitre et Gus Trompiz PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy a transformé son passage au Salon de l'Agriculture en étape électorale,...

par Marie Maitre et Gus Trompiz

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy a transformé son passage au Salon de l'Agriculture en étape électorale, multipliant les paroles d'apaisement à l'adresse des éleveurs confrontés à la flambée des prix des matières premières.

A un an de la présidentielle, le chef de l'Etat a dénoncé samedi la spéculation sur ces marchés mais également répondu à des interpellations sur la réforme des retraites ou le chômage avant une table ronde sur l'avenir de l'agriculture.

Pour le monde agricole, "on est soulagés que ça aille mieux", a-t-il confié à un producteur après avoir inauguré le Salon. "C'est en 2012 que cela pourrait aller plus mal", s'est-il poliment entendu répondre.

Veillant visiblement à ne commettre aucun impair - après ses passages plutôt houleux ces dernières années dans les allées de la Porte de Versailles - Nicolas Sarkozy a mis une heure à franchir les 150 premiers mètres du Salon alors qu'il avait bouclé sa visite au pas de course l'an dernier.

"On se tient chaud hein", lance-t-il tout sourire aux visiteurs bousculés par une nuée de caméras et un service d'ordre sur les dents. "Le fromage, c'est bon quand c'est fort", ajoute-t-il après avoir avalé un morceau de Munster à l'heure du petit-déjeuner.

Ce 48e Salon de l'Agriculture s'inscrit dans un contexte mondial tendu, les mauvaises conditions météorologiques ayant fait flamber les prix alimentaires au point de déclencher des émeutes de la faim, en Afrique du Nord notamment.

En France, les prix du blé ont doublé en moins d'un an pour se rapprocher du record historique de 300 euros la tonne.

"LA CAMPAGNE, IL AIME PAS"

Les éleveurs, gros consommateurs de céréales pour l'alimentation de leur bétail, sont tout particulièrement touchés. Samedi, nombre d'entre eux portaient un T-shirt sur lequel on pouvait lire "Producteurs de viande bovine en colère".

La régulation et la lutte contre la volatilité des cours des matières premières sont inscrites tout en haut de l'agenda du G20 que préside la France actuellement.

"Il faut faire quelque chose, autrement on va mourir", a expliqué un éleveur à Nicolas Sarkozy, accompagné du ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire.

"Votre métier va continuer à exister", a tenté de rassurer le président. "On a besoin des agriculteurs", a-t-il ajouté, avant de se lancer dans un plaidoyer pro domo.

"Quel est le seul pays dans le monde entier qui condamne la spéculation et où le gouvernement défend à ce point les agriculteurs ?", a-t-il demandé.

Depuis plusieurs mois, Nicolas Sarkozy, au plus bas dans les sondages, a multiplié les visites de terrain et les discours à l'adresse des agriculteurs, une catégorie d'électeurs cruciale dans la perspective de la présidentielle de 2012.

Selon Bruno Le Maire, "sa popularité s'est beaucoup accrue depuis six mois dans le monde agricole".

"Ce n'est pas un travail très spectaculaire mais je crois au travail de terrain", a ajouté le ministre lors de l'émission Le Talk Le Figaro/Orange.

Christian Jacob, chef des députés UMP et ancien président de la FNSEA, le principal syndicat agricole français, a abondé dans le même sens.

"C'est une bonne visite, une visite à la Chirac", connu pour ses passages à rallonge au Salon, a-t-il dit samedi.

La défiance était cependant palpable chez certains agriculteurs. "Il ne faut pas penser à l'agriculture à un an seulement des élections. Cela fait quatre ans qu'il fallait y penser ", a expliqué Alain Lescure, éleveur dans le Cantal.

"Jusqu'à présent, il ne nous a jamais entendus", a-t-il déploré. "Il est de la ville et la campagne, il aime pas".

Edité par Laure Bretton