BFMTV
Politique

Municipales: à Lyon, Macron se pose en arbitre

placeholder video
Emmanuel Macron a longuement échangé avec Gérard Collomb dimanche soir à Lyon, et doit y rencontrer David Kimelfeld ce lundi matin. Le chef de l'Etat cherche ainsi à trancher dans le vif de la controverse qui empoisonne la vie publique locale à neuf mois des municipales: l'identité du candidat LaREM pour la Métropole lyonnaise. Les deux hommes politiques rhodaniens préfèrent en effet cette dernière institution à la mairie.

Peu après que les Américaines ont écarté les Néerlandaises de la route de leur quatrième titre de championnes du monde de football, Emmanuel Macron quittait les travées du Parc OL, direction le restaurant lyonnais "Léon". Il lui restait en effet à décider du destin d'un autre "formidable outil" des environs: la Métropole lyonnaise.

On demande l'arbitre 

L'institution est en effet au cœur d'une guerre de positions déjà longue. Gérard Collomb, en intégrant le gouvernement en 2017, avait en effet dû abandonner cette place, en plus de laisser son siège de maire. Celui qui n'est plus ministre de l'Intérieur depuis plusieurs mois espère aujourd'hui pouvoir en reconquérir la présidence après les municipales de mars 2020, dans la mesure où il n'est plus possible de la cumuler avec la fonction de maire. Problème: David Kimelfeld, actuel titulaire de la présidence de la Métropole, compte bien y rester. Et les deux hommes, qui lorgnent tous deux sur l'investiture de "La République en marche", en appellent à l'arbitrage d'Emmanuel Macron. 

Dimanche soir, le chef de l'Etat a donc dîné trois heures durant avec Gérard Collomb, sans faire de commentaire à la sortie. Mais en début de soirée, Gérard Collomb expliquait face à la presse que le président de la République n'allait pas trancher que des rosettes: "Le président de la République, je le connais un peu, est un trop bon connaisseur de la carte électorale pour ne pas donner son avis à un moment donné. Donc, je sais qu’in fine, les arbitrages sont toujours fait au plus haut niveau."

A front renversé 

Il s'agit cependant d'écouter les deux parties. Ce lundi matin, sur les coups de 9h45, Emmanuel Macron doit en effet investir les locaux de la préfecture du Rhône pour y prendre le petit-déjeuner avec David Kimelfeld. Ce dernier et Gérard Collomb devraient être fixés rapidement, bien que la date de la décision de la commission nationale d'investiture les concernant ne soit pas encore fixée. Mais l'option retenue par l'exécutif transpire déjà dans la presse.

Tandis qu'il annonce une rencontre dans la semaine entre Gérard Collomb et Stanislas Guérini, délégué général du mouvement du chef de l'Etat, Le Parisien assure que l'Elysée souhaite désormais appuyer la candidature... de Gérard Collomb à la Métropole et de David Kimelfeld à la mairie. Un schéma à front renversé de la situation actuelle donc et qui réserverait la part du lion à l'ex-ministre de l'Intérieur. 

Pour notre éditorialiste politique Christophe Barbier, l'ingérence d'Emmanuel Macron dans ce dossier est logique:

"Oui, c’est le rôle d’un président de la République de s’en mêler car on ne parle pas de tartiflette et de grenouille. C’est quand même la deuxième ville de France, c’est comme Paris, ce sont des villes où toujours les présidents se sont occupés des investitures. Macron ne peut pas se permettre une guerre fratricide en Macronie. Il ne peut accepter que l’opposition peut-être avance ses billes à cause de la guerre entre David Kimelfeld et Gérard Collomb. Il doit donc trouver la paix des braves. (…) C’est un gros enjeu pour montrer que le président est un bon DRH. Pour l’instant, que ce soit pour les remaniements ou pour la tête de liste aux européennes, Macron a plutôt montré qu’il était assez médiocre dans cette matière-là".
Robin Verner