Moi, candidat: les campagnes présidentielles vues par les prétendants à l'Elysée

Capture "Moi, candidat" - Canal+
"La campagne, c'est une marche": la phrase n'est pas signée Emmanuel Macron, mais Valéry Giscard d'Estaing. Le troisième président de la Ve République décrit ainsi la course de fond que représente "la rencontre d'un homme et d'un peuple". De Christine Boutin à Eva Joly, de François Hollande à Jean Saint-Josse, d'Alain Krivine à Nicolas Dupont-Aignan, le documentaire Moi, candidat fait toucher du doigt ce qui pousse ces hommes et ces femmes à se présenter devant les Français. Il révèle, aussi, quelques moments politiques savoureux.
Quand Bayrou taclait Macron sur "les vrais gens"
Le maire de Pau n'avait à l'évidence pas encore rallié Emmanuel Macron à l'époque du tournage de ce film: peu amène à l'endroit du leader d'En Marche! il y a encore quelques mois, François Bayrou lâche ici un tacle appuyé à celui qui, aujourd'hui, "doit" selon lui accéder à l'Elysée.
Interrogé sur la rencontre avec les Français lors des campagnes présidentielles, l'ancien ministre de l'Education explique: "On a entendu récemment des gens qui disaient: ‘je veux aller voir vivre des vrais gens’. Ben mon pote si t’as jamais vu vivre des vrais gens, je ne te conseille pas de te lancer dans cette élection." Lors d'un déplacement à Châlons-en-Champagne en septembre 2016, Emmanuel Macron avait justement expliqué être venu pour "voir, écouter, la vraie vie des vrais gens".
Du bon usage du clash médiatique, par Mélenchon
En 2012 comme en 2017, le tribun de la gauche radicale revendique, en matière de campagne électorale, une politique du coup d'éclat, illustrée par ses rassemblements place de la Bastille. Interrogé parmi 18 autres prétendants à l'Elysée, le chef de file de La France insoumise détaille: "Il faut se saisir d’occasions, de circonstances, d’émotions collectives, s’en emparer, leur donner un contenu, et rien de tout ça n’est indigne."
Habitué des sorties médiatiques, Jean-Luc Mélenchon analyse également leur impact sur une campagne. "Ne me demandez pas de transformer un clash médiatique en 100% de bulletins de vote", prévient-il, "ça n’existe pas". "Mais il y a des tas de gens qui se disent [en voyant ces séquences] ‘mais c’est vrai! mais c’est bien ce qu’il dit! moi je suis d’accord avec lui, je vais aller avec lui!’. Ils n’auraient jamais capté le message s’ils ne l’avaient pas découvert dans le fracas."
Le "coup de tonnerre" de 2002
Jamais avare en anecdotes, Jean-Marie Le Pen relate comment, lors de l'élection présidentielle de 2002, il avait senti la défaillance stratégique de la gauche. "Environ quinze jours avant [le scrutin], raconte le vieux lion de l'extrême droite, on me demande si je crois que j’ai une chance de me qualifier au second tour. Je réponds: ‘Attendez, je vais regarder ma boule de cristal. Attendez, je regarde… ah! C’est un journal. C’est même Libération, et je vois le titre, un titre énorme! Jospin, crucifié par sa majorité plurielle".
De leurs côtés, ni Christiane Taubira, ni Noël Mamère - qui estimait que la qualification de Lionel Jospin était certaine quatre jours avant l'élection - ne s'estiment responsables du naufrage de la gauche. Combative, l'ancienne garde des Sceaux se défend: "Non ce n’est pas de ma faute. [Les socialistes] avaient calculé sur mes voix. Dans 350 ans, je refuserai encore d’assumer une faute que je n’ai pas commise."