Municipales: le MoDem va-t-il droit dans le mur?

Une ligne politique compliquée à cerner, des divisions qui se multiplient, et un leader en perte de vitesse: le MoDem se trouve dans une situation très compliquée à l’approche des municipales. Le début de la fin?

Les élections municipales de mars prochain auront-elles raison du MoDem? S’il est sans doute trop tôt pour le dire, le parti de François Bayrou semble en tout cas plier sous le poids de ses contradictions.

Dernière confusion en date: la "mise en retrait" de son vice-président, Jean-Luc Bennahmias, qui soutiendra le candidat socialiste Patrick Mennucci à Marseille, tandis que les instances nationales du parti ont officiellement choisi… Jean-Claude Gaudin, son adversaire UMP.

Divisions en pagaille

Le cas n’est malheureusement pas isolé: sur le plan national, le MoDem navigue à vue, souvent au gré des humeurs locales. A Paris, Jean-François Martins, seul conseiller municipal du parti centriste, s’est rallié à Anne Hidalgo. Résultat: une suspension d’un an et une exclusion qui ne fait plus guère de doute. Car dans le même temps, Marielle de Sarnez, numéro deux du MoDem, a rejoint la liste de NKM après un accord lui garantissant un bon nombre de sièges au Conseil de Paris.

Même scénario ou presque à Lille, ville dans laquelle le MoDem comptera trois membres sur la liste de Martine Aubry (PS), quand François Bayrou défend son adversaire de droite. A Lyon, c’est sans fracas que les élus MoDem ont rejoint Gérard Collomb, le maire socialiste sortant.

L'énigme Bayrou

De son côté, François Bayrou tentera de conquérir la ville de Pau avec l’appui de l’UMP locale. Car au niveau national, le Béarnais ne bénéficie que d’un soutien très limité de Jean-François Copé. Ce dernier n’a toujours pas digéré que l’ex-troisième homme de la présidentielle de 2007 se prononce en faveur de François Hollande lors du dernier scrutin.

Désormais, François Bayrou tente de se (re)faire une place au centre-droit, notamment afin de justifier sa position d’incontournable dans le mouvement qu’il a fondé avec Jean-Louis Borloo, l’Alternative. D’où sa volonté de pactiser avec l’UMP, comme le lui a demandé son nouveau partenaire du centre.

Où se situe le MoDem?

Premier constat, donc: une fracture s’est opérée entre les dirigeants du MoDem et leur base. Le second est encore plus frappant : à force de se situer un peu partout sur l’échiquier politique, le MoDem finit par ne plus être nulle part. Une tendance caractérisée par les atermoiements de son leader, dont la probité et l’éthique ne suffise plus à lui assurer une influence au niveau national, les résultats (9%) de la dernière élection présidentielle en attestent.

Au sein de son entourage, on relativise: "La vocation du MoDem, c'est de moraliser la vie politique. On ne s'alliera pas avec des partis pourris comme le PS marseillais, celui du Pas-de-Calais ou du Nord. Dans ce contexte, la ligne politique est très claire".

La plupart des cadres du parti sont au moins d’accord sur une chose : après les élections européennes, il sera indispensable de faire un bilan des évènements en cours. Reste à savoir s’il ne sera pas trop tard.

Yann Duvert