Mission impossible pour Jean-Marc Ayrault !

Les Coulisses de la Politique par Véronique Jacquier - -
Une mission impossible pour un Premier ministre : demander aux élus de faire des économies dans leurs communes tout en augmentant leurs charges. C'est ce qui se passe ce mardi. Jean-Marc Ayrault réunit à Matignon des associations de maires, de présidents de conseils généraux ou régionaux qui n'ont pas envie d'être tondus comme des moutons. L'état supprime sur 3 ans, entre 2013 et 2015, 4 milliards et demi d'euros de dotations. Et en échange les collectivités ont 2 milliards de hausse de charges par an. Ca va du fonctionnement des crèches en passant par les obligations en termes de rénovation thermique. Sans oublier les hausses de TVA sur les transports urbains ou sur les déchets.
Les élus sont-ils fous furieux ?
Ils sont furieux et désabusés. Les collectivités locales sont majoritairement à gauche. Les élus se prennent un coup de massue. L'un d'entre eux m'a confié: « On ne comprend pas ce gouvernement. Si on réduit nos frais de fonctionnement, on met en panne l'investissement. On tue un peu plus la croissance ». C'est vrai aussi que les élus ne sont pas habitués à être à la diète. Pendant des années l'état s'est montré généreux. Le premier tour de vis est venu du gouvernement Fillon en 2011 mais là c'est le ministre du Budget Jérôme Cahuzac qui leur demande de passer à la vitesse supérieure. Et ça passe mal. Certains font du chantage.
Le maire socialiste de Lyon, Gerard Colomb, explique que faute d’argent il ne peut pas appliquer la réforme des rythmes scolaires en septembre prochain. D'autres trainent les pieds pour assurer des emplois d'avenir. De toute façon les élus lorgnent sur les municipales l'an prochain et sur les régionales en 2015. Donc le message lancé à Jean-Marc Ayrault, excusez-moi d'etre triviale, mais c'est "Chante toujours beau merle".
Mais justement que peut faire Jean-Marc Ayrault pour calmer la fronde de ces élus ?
Et bien de la calinothérapie. C'est ce qu'il va faire aujourd'hui. Avec de jolis mots : dialogue, concertation, calendrier, mais sans jamais prononcer le mot de rigueur bien sûr… alors que nous sommes en plein dedans ! Les élus ne sont pas dupes. J'ai eu André Laigniel, le maire d'Issoudun et le président du comité des finances locales au téléphone lundi soir. Il exige des contreparties, mais il sait déjà qu'il n'y en aura pas. "Après avoir dégraissé, on est à l'os", m’a-t-il dit. Les élus sont réalistes alors que va-t-il se passer ? Jean-Marc Ayrault ne sera pas entendu. Les maires, les présidents de conseils généraux vont chacun rendre leurs arbitrages. Ça va être la cacophonie. Et comme les collectivités territoriales ne peuvent pas présenter de budget en déséquilibre, je vous le donne en mille, quelle solution vont elle trouver ? La cerise sur le gâteau, ce sera l'augmentation des impôts locaux.