Ministres français et roumains nient toute tension sur les Roms

Responsables roumains en visite mercredi à Paris pour une rencontre ministérielle franco-roumaine à propos de la communauté rom. Le gouvernement français s'est employé mercredi à désamorcer les critiques suscitées en France et dans le monde par le durciss - -
PARIS (Reuters) - Le gouvernement français s'est employé mercredi à désamorcer les critiques suscitées en France et au sein de la communauté internationale par le durcissement de sa politique envers les Roms et la publicité qu'il lui a donné.
La rencontre mercredi à Paris entres les ministres français et roumains en charge du dossier lui a permis d'éviter un premier écueil, les responsables de Bucarest niant à l'issue de la table ronde toute tension entre les deux pays.
"Ce sont des discussions normales entre les deux pays. On constate qu'il existe un problème qui doit être résolu", a déclaré aux journalistes Valentin Mocanu, secrétaire d'Etat roumain chargé de l'insertion sociale des Roms.
Ce dernier avait regretté la semaine dernière que l'on "stigmatise un groupe dans son ensemble" en allusion à la décision de Nicolas Sarkozy de démanteler tous les camps illégaux de Roms et de les renvoyer dans leurs pays.
Mais "les relations sont excellentes depuis des siècles, on va continuer. Le fait qu'il y ait en 2010 un dossier commun et que ce dossier doive être réglé par les autorités ne permet pas de parler de tensions entre les deux pays", a-t-il dit mercredi.
"Il n'y a eu strictement aucun reproche fait par les Roumains", a affirmé de son côté le ministre français de l'Immigration, Eric Besson.
Il a souligné que Paris et Bucarest étaient décidés à "mieux coopérer" en matière d'intégration des Roms et qu'il se rendrait à son tour en Roumanie les 9 et 10 septembre en compagnie de Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes.
La France accuse la Roumanie de ne pas aider les Roms à s'intégrer dans leur propre pays, où ils sont victimes de discriminations, malgré d'importantes aides européennes.
Dans un communiqué, le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, qui participait à la réunion aux côtés du secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Pierre Lellouche, a assuré que les deux délégations avaient décidé de développer "un partenariat fort pour favoriser en Roumanie une politique d'intégration des Roms".
LIEN AVEC LA DÉLINQUANCE ?
François Fillon avait déjà tenté mardi d'apaiser les polémiques en demandant au gouvernement d'agir "sans laxisme, ni excès" à l'issue d'une réunion avec plusieurs ministres.
Il a également annoncé son intention d'en appeler à la Commission européenne, estimant que les pays de l'Union devaient harmoniser leurs pratiques en matière d'accueil.
Mercredi, le porte-parole du gouvernement Luc Chatel et les ministres Brice Hortefeux, Eric Besson et Pierre Lellouche ont tous assuré qu'ils mettaient en oeuvre des dispositions adoptées il y a plusieurs années, lorsque Jean-Pierre Raffarin et Dominique de Villepin étaient à Matignon.
Or, les deux anciens Premiers ministres de Jacques Chirac ont publiquement critiqué le durcissement de la politique de Nicolas Sarkozy contre les Roms, dont 630 ont été renvoyés dans leurs pays d'origine depuis la fin juillet, selon le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux.
"La politique de reconduite menée par la France en conformité avec le droit de l'Union européenne (...), qui prévoit qu'un Etat membre peut mettre fin au droit de séjour d'un ressortissant communautaire s'il est sans emploi, sans ressources et s'il est une charge déraisonnable pour le système d'assurance sociale, a fait l'objet d'une concertation étroite entre les deux parties", a-t-il dit dans son communiqué.
Mais les ministres ont évité de répondre à l'une des principales critiques formulées par l'opposition ou les défenseurs des droits de l'homme : le fait d'avoir tenu une réunion à l'Elysée sur la question des Roms a donné un large écho au démantèlement des camps réclamé par Nicolas Sarkozy.
En outre, Brice Hortefeux a une nouvelle fois fait un lien entre l'insécurité et la présence de Roms en France.
"J'observe par exemple que, l'année dernière, la délinquance issue de membres de nationalité roumaine avait augmenté de 138% à Paris", a-t-il dit sur RTL.
Néanmoins, les critiques persistent après les mises en garde du pape et des responsables catholiques ou protestants.
Le grand Rabbin de France, Gilles Bernheim, a ainsi estimé mercredi sur Europe 1 que la situation des Roms exigeait à la fois "de la fermeté et de la mesure" mais qu'il ne fallait pas viser toute une communauté.
Gérard Bon, édité par Yves Clarisse