Mensonges et passe-droits au sommet de l'Etat

« Les coulisses de la politique », tous les matins à 7h20 sur RMC et RMC.fr avec C. Jakubyszyn. - -
Il y a des jours comme ça, où l'on se dit que l’exemple ne vient pas d’en haut. Et c’est vraiment dommage. Lorsque des ministres mentent, ou lorsque leurs collaborateurs tentent de contourner la loi.
Besson, les Roms et la circulaire
Un premier mensonge ? Celui d’Eric Besson et du gouvernement français au sujet des Roms. Lors d'un déplacement jeudi dernier en Roumanie, le ministre de l'Immigration affirmait qu'il n'y avait pas eu « de ciblage spécifique de ce que vous appelez les Roms ». C'est un mensonge, et un gros. Une circulaire datée du 5 août, adressée aux préfets, leur demandait d’évacuer les campements illicites, « en priorité ceux des Roms ». Le mot Roms y est cité plusieurs fois. Il y a même en annexe des tableaux à remplir par les préfets, et à renvoyer au cabinet du ministre de l'Intérieur chaque semaine.
Il y a pire : l’instrumentalisation médiatique de ces expulsions. La, c’est une autre circulaire, du 9 août celle-là: « Je vous remercie de veiller à m’informer préalablement de toute opération d’évacuation revêtant un caractère d’envergure ou susceptible de donner lieu à un écho médiatique». Là encore, il faut envoyer les chiffres en quatre exemplaires à la gendarmerie, au ministère de l’Intérieur et au cabinet du ministre.
Alors quand Eric Besson met « quiconque au défi d'apporter le moindre élément qui donne à penser que la France n'a pas respecté le droit communautaire ou sa législation », répondons-lui: défi relevé, Monsieur le ministre !
NKM et « la faute à Bruxelles »
Un autre mensonge, d’Etat encore une fois: celui de Nathalie Kosciusko-Morizet. Chez Jean-Jacques Bourdin la semaine dernière, la secrétaire d'Etat au Développement de l'économie numérique jurait que la future hausse de la TVA sur les forfaits triple-play (internet/ télévision/ téléphone) était imputable à la Commission de Bruxelles. La faute à Bruxelles, c’est tellement facile. Et puis c’est bien: c’est de la bonne pédagogie à l’égard de l’Europe. Sauf que la Commission européenne en a marre que la France mente. Elle a ainsi fait une mise au point ce week-end: elle n'a pas demandé à la France d'augmenter la TVA sur l'ensemble des abonnements aux offres triple-play. Le taux de TVA réduit de 5,5 %, actuellement appliqué à la moitié de la facture, dit-elle, pourra continuer à s'appliquer pour la partie télévision de l'offre. Une hypothèse écartée par l'Elysée, qui aurait tranché en faveur d'un passage général à 19,6 %. Bon allez, pour NKM on va dire que c’était un demi-mensonge alors...
Circulez, y'a rien à voir !
Pour finir ce triste inventaire sur l’exemplarité et l'impartialité de l'Etat, parlons d'un fait divers et d'un passe-droit. Imaginez. Je prends ma voiture en état d'alcoolémie avancée. Je manque de renverser un scooter sous les yeux d'une patrouille de police. Et là, je refuse de donner mes papiers et de souffler dans le ballon. Qu’est-ce qui m’arrive ?
Jeudi, l’homme à qui c’est arrivé a, en plus, insulté les policiers, refusé d’être ramené au poste et s’est fait raccompagner chez lui. Et ce, après avoir fait état de sa fonction. En effet, le conducteur n’était autre que le chef adjoint du cabinet de François Fillon, le premier Ministre. Un premier Ministre qui a choisi de suspendre Gilles Dufeigneux. Ce dernier a finalement démissionné vendredi.
On précise d'ailleurs à Matignon que Gilles Dufeigneux a présenté ses excuses aux policiers l'ayant contrôlé. Mais aucune plainte pour outrage n'a été déposée par les policiers et aucune enquête de l'Inspection générale des services diligentée.
Avec un peu de chance ce Monsieur, préfet par ailleurs, pourra peut être s’occuper des camps de Roms...