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Politique

Menace imminente ou permanente ?

« Les coulisses de la politique », tous les matins à 7h20 sur RMC et RMC.fr avec C. Jakubyszyn.

« Les coulisses de la politique », tous les matins à 7h20 sur RMC et RMC.fr avec C. Jakubyszyn. - -

Une menace terroriste planerait sur la France. Alerte rouge. Pas encore rouge écarlate, mais rouge, très rouge… Faut-il vraiment avoir peur ? Loin de moi l’idée de minimiser les alertes du gouvernement. Certes, la menace terroriste est toujours présente. Mais pourquoi tout d’un coup, un ministre nous met-il en garde ?

On se souvient des attentats de 1986 et 1995 en France. On se souvient du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Nul n’est à l’abri, et l’armée et les services secrets font leur travail de prévention et de renseignement. Mais quand même. Pourquoi tout d’un coup, le gouvernement nous met-il en garde ?
Afin de nous apercevoir qu’on nous joue régulièrement la même musique, feuilletons ensemble les archives radio d'RMC.

Le 31 décembre 2002, Jacques Chirac inaugurait l'exercice :

« Nous vivons dans un monde incertain, dangereux, où les menaces de guerre s'ajoutent aux risques terroristes ».

En 2006, au tour de Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur :

« Je dois mesurer mon vocabulaire, mais il doit être précis et compris. La menace terroriste sur la France est élevée et permanente ».

Début de cette année maintenant. En janvier. Nous sommes avec Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur :

« A l'évidence, la menace est réelle. Donc ça signifie que si la menace est réelle, notre vigilance doit être permanente ».

Et donc aujourd’hui, rebelote. La veille du 11 septembre 2010, il y a dix jours, le patron de l’antiterrorisme Bernard Squarcini avait affirmé dans Le Journal du dimanche : « Tous les clignotants sont dans le rouge ». Bon, mais alors cette fois, y a-t-il des éléments nouveaux ? C’est vrai que depuis l’échec de l’opération de sauvetage de notre otage Michel Germaneau le 22 juillet dernier, l’organisation terroriste Al Qaïda Maghreb nous menace : « À l’ennemi d’Allah, Sarkozy, je dis : vous avez manqué une occasion et ouvert la porte de l’horreur pour vous et votre pays ». Et puis les Etats-Unis nous ont alertés il y a une dizaine de jours sur des menaces précises pesant sur l’Europe et la France. Jeudi, une nouvelle prise d’otages a eu lieu au Niger. Et ce lundi, le parquet antiterroriste de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour « vérifier » un renseignement sur une femme soupçonnée de vouloir mener un attentat kamikaze dans la capitale.
Or, pourtant, selon les spécialistes du renseignement, la menace terroriste n’est pas vraiment nouvelle. Elle est permanente.

Si la menace est sérieuse, on prend ses précautions, non ?

Alors, à quoi servent ces nouveaux avertissements ? On peut effectivement s’interroger. Car si la menace est plus forte, comme l’affirme le gouvernement, il n’y a aucun changement visible dans les mesures de sécurité. On ne fouille pas les sacs à l’entrée des lieux publics. Il n’y a pas eu de mesures particulières lors des journées du patrimoine, où des centaines de milliers de gens ont fait la queue devant des monuments.
Je ne sais pas, moi. Si la menace est sérieuse, on prend des précautions, non ? Un exemple : en 2001, quand la France avait déjoué un attentat proche de son aboutissement contre l’ambassade américaine, des mesures drastiques et visibles avaient été prises. Poubelles scellées, stationnements interdits à la sortie des écoles, patrouilles dans les gares...
On nous dit, dans les milieux autorisés - comme aurait dit Coluche -, que les terroristes reculent souvent leurs actions lorsqu’ils sentent que les autorités sont sur le pied de guerre. On nous dit aussi qu’une population informée résiste mieux à une menace, et au choc d’un acte majeur. On augmente sa capacité de « résilience ». Résilience, c’est un mot à la mode. C’est la capacité de résister. La résilience est, à l'origine, un terme pour expliquer la résistance des matériaux aux chocs.

Nous aussi nous allons résister. Résister à la psychose.