Menacé de mort, un maire alsacien refuse d'organiser le scrutin

Bulletins de vote pour les élections régionales. Menacé de mort par l'un de ses administrés lors du premier tour des élections régionales, un maire alsacien refuse d'organiser le scrutin dimanche prochain pour protester contre la mansuétude de la justice. - -
MULHOUSE (Reuters) - Menacé de mort par l'un de ses administrés lors du premier tour des élections régionales, un maire alsacien refuse d'organiser le scrutin dimanche prochain pour protester contre la mansuétude de la justice.
Le tribunal correctionnel de Mulhouse a condamné mercredi le perturbateur, un ancien agriculteur de 63 ans souffrant d'alcoolisme, à cent jours amende à cinq euros, bien qu'il soit en état de récidive légale et sous le coup d'une peine de prison avec sursis.
"Je croyais servir la cause de la République. Je ne m'y reconnais plus", a dit à Reuters le maire du village d'Hundsbach (Haut-Rhin), Philippe Rufi pour qui "les maires sont pris pour des pantins".
Au lieu d'ouvrir le bureau de vote, il tiendra dimanche un conseil municipal extraordinaire dont l'ordre du jour portera sur les événements du dimanche précédent. Philippe Rufi laisse entendre qu'il pourrait également démissionner.
Le retraité, qui "profère depuis des années des menaces de mort à l'encontre de tout le monde quand il est sous l'emprise de l'alcool", explique l'élu, avait été privé de son droit de vote il a un an après qu'il eut lui-même porté plainte suite à une agression verbale à son encontre.
Constatant dimanche qu'il était rayé des listes électorales, le sexagénaire a menacé de poignarder le maire et de trancher la gorge d'un adjoint.
"On ne demande pas qu'il soit mis derrière les barreaux mais qu'il se soigne, qu'il y ait une obligation de soins, qu'on traite son problème d'alcoolisme", souligne Philippe Rufi.
L'injonction de soins prononcée par la justice lors de sa précédente condamnation est restée sans suite, selon lui.
Le sous-préfet de l'arrondissement doit rencontrer les élus vendredi soir.
S'ils persistaient dans leur refus d'ouvrir le bureau de vote, le préfet devrait nommer une commission constituée de fonctionnaires qui prendraient le relais.
Patrick Genthon, avec Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse