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Politique

Mariage homo : L’inter-LGBT suspend ses relations avec le gouvernement

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L’Interassociative lesbienne, gaie, bi et trans a décidé mercredi de suspendre « toutes ses relations » avec le gouvernement, après les déclarations de François Hollande sur la « liberté de conscience ».

L'Inter-LGBT (lesbienne, gay, bi et trans), principal interlocuteur du gouvernement sur l'homosexualité, a sommé ce mercredi François Hollande de s'expliquer sur ses déclarations concernant la « liberté de conscience » des maires face au mariage homosexuel, perçues « au mieux comme une maladresse, au pire une trahison ».
Devant l'Association des Maires de France, le président a déclaré mardi que « les maires sont des représentants de l'Etat et ils auront, si la loi est votée, à la faire appliquer mais des possibilités de délégation (d'un maire à ses adjoints) existent, elles peuvent être élargies ». Il a souligné qu'« il y a toujours la liberté de conscience ».
Ces propos ont déclenché l'ire de l'Inter-LGBT, qui a annoncé mercredi dans un communiqué suspendre « toutes ses relations » avec le gouvernement. Elle « exige d'être reçue rapidement » par le chef de l'Etat « afin d'obtenir de sa part des explications ». « Le président de la République -qui est censé porter ce projet d'égalité- légitimise les propos les plus homophobes en considérant que l'on peut accepter d'un maire qu'il ne marie pas -une fois la loi adoptée- un couple de même sexe sous prétexte d'une liberté de conscience », dénonce l'Inter-LGBT.

« Ouvrir la porte à toutes les discriminations »

La Ligue des droits de l'Homme (LDH) a remarqué pour sa part qu'en « avançant l'idée que le respect des consciences des maires pourrait justifier un refus de procéder en personne à un mariage, François Hollande apparaît comme faisant une concession aux manifestants de l'ordre moral opposés au projet de loi ». « A-t-il pris la mesure que, ce faisant, il armait une machine redoutable contre l'égalité des droits ? » demande la LDH. « Ce serait aussi ouvrir largement la porte à toutes les discriminations. Qui peut prétendre aujourd'hui que des maires ne refuseront pas, au nom de la liberté de conscience, un mariage entre divorcés, un mariage jugé trop mixte, ou trop bizarre ? Ce serait, enfin, instituer une inégalité territoriale devant un acte civil », ajoute la LDH.

« Choquant »

L'Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL) estime « choquant » le fait « d'invoquer la liberté de conscience pour offrir à des maires, la possibilité de se soustraire à l'ordre républicain ». « Alors que le projet de loi n'est qu'au stade des auditions à l'Assemblée nationale, entrouvrir la porte, comme vous l'avez fait, à la gabegie, c'est également entretenir la plus grande confusion sur votre volonté de voir cette loi devenir une réalité républicaine, portée dignement dans toutes les communes de France par ceux qui en auront la charge », ajoute l'APGL.
Dans un texte adressé à François Hollande, la fédération LGBT, qui regroupe tous les organisateurs des gays pride en province, rappelle que « les maires n'ont aucun besoin de liberté de conscience puisque la loi leur permet depuis longtemps de procéder à des délégations à leurs adjoints, voire à leurs conseillers municipaux », pour célébrer des mariages.
Enfin, Homosexualités et Socialisme (HES), proche du Parti socialiste, écrit dans un communiqué que « si elle ne venait du président de la République, l'invocation d'une liberté de conscience pour justifier cette délégation serait tristement fantaisiste ». « Comme elle vient de l'auteur même de l'Engagement 31 (promettant l'ouverture du mariage et de l'adoption aux homosexuels dans le programme électoral de M. Hollande, ndlr), elle est choquante et nécessite une précision, sauf à faire de la loi de la République une notion moins contraignante qu'une option dans un contrat d'abonnement téléphonique », ajoute HES.

La Rédaction, avec AFP