BFMTV
Politique

Mariage gay : la manifestation ne fait pas plier le gouvernement

340 000  à 800 000 personnes ont défilé dimanche à Paris pour s'opposer à l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples de même sexe

340 000 à 800 000 personnes ont défilé dimanche à Paris pour s'opposer à l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples de même sexe - -

Après la manifestation qui a réuni entre 340 000 et 800 000 personnes selon les sources, le gouvernement affirme que le projet de loi sur le mariage homosexuel sera débattu comme prévu. A droite, les opposants en appellent au référendum.

Le gouvernement a prévenu, il ne bougera pas d’un pouce. Dimanche, pourtant, entre 340 000 (selon la police) et 800 000 personnes (selon les organisateurs) ont défilé pour s’opposer à l’ouverture du mariage aux homosexuels ainsi qu’à l’adoption. A l’appel du collectif « La Manif pour tous », les trois cortèges, qui ont réunis militants catholiques ou encore cadres de l’UMP et du FN, se sont rejoints sur le Champs-de-Mars. Si l’Elysée a reconnu une mobilisation « consistante », il a aussi réaffirmé que le projet serait maintenu, et Christiane Taubira a écarté l’hypothèse du référendum, l’estimant « contraire à la constitution ».

« La sérénité la plus totale »

« Vous avez une légitimité dans l’expression de votre opinion en défilant dans la rue, mais la légitimité fondamentale, dans une république, c’est le Parlement, et c’est là que la loi sera votée, nous sommes dans la sérénité la plus totale, a ainsi insisté Michel Sapin, le ministre du travail sur BFMTV dimanche soir. Est-ce que dans 15 jours, cette manifestation sera encore un évènement ? Je ne pense pas. La loi sera votée, et personne ne reviendra dessus », confirme le ministre.

« Rien d’enlevé aux couples hétérosexuels »

A droite aussi, certains soutiennent le projet et espèrent que le gouvernement ne pliera pas. C’est le cas de Franck Riester, député UMP de Seine-et-Marne et favorable au mariage pour tous. « Ce qu’il faut faire maintenant, c’est que le gouvernement, le premier Ministre, le président, fassent davantage de pédagogie, demande l’élu. On comprend bien que c’est difficile de se faire à l’idée, peut-être, que deux hommes ou femmes se marient en mairie, et qu’il y ait des familles homoparentales, mais que ce sont des droits et des devoirs qui doivent être offerts à tous les citoyens quelle que soit l’orientation sexuelle. Il n’y a rien d’enlevé aux couples hétérosexuels à travers ce projet de loi. On voit bien que ce n’est pas une question de gauche et de droite ».

« Il est possible de faire un référendum »

Mais d’autres, à l’UMP, estiment que la rue doit être entendue. « Ce n’est pas acceptable que François Hollande ferme la porte sur cette question, affirme le député UMP de la Haute-Loire Laurent Wauquiez, qui a participé à la manifestation. François Hollande avait promis pendant la campagne de faire des référendums sur les questions de société et de modifier la constitution pour le permettre, quel cruel contraste. 70% des Français demandent à être consultés, et ils ne le sont pas. Ensuite, la constitution prévoit des consultations sur des sujets qui affectent la politique sociale. La définition du mariage a des conséquences sur la politique sociale, il est donc possible de faire un référendum ».

« Il y aura un avant et un après »

L’appel au référendum est aussi le mot d’ordre de Philippe Gosselin, député UMP de la Manche : « Il y a une vraie porte pour sortir par le haut, c’est l’appel au peuple, le référendum. Je ne cherche pas à ce que le gouvernement perde la face, je veux simplement que le gouvernement écoute la société dans sa diversité. Je suis persuadé qu’il y aura un avant et un après ».

« La pression va monter »

Pour Jérôme Chartier, député R-UMP (Rassemblement UMP, la branche filloniste de l’UMP) du Val d'Oise, les opposants ont encore le temps de faire plier le gouvernement. « On est dans le timing, c’était difficile de le faire sur la fin d’année avec la période des fêtes. Le texte va passer à l’Assemblée, sans doute traîner un peu, puis au Sénat, donc on aura le temps d’y revenir, on est partis pour un épisode de plus d’un mois, la pression va monter. Ça va maintenant décider de manifestations en région, je pense que derrière, ça aura des répercussions les dimanches suivants en province ». L'examen au Parlement du projet de loi sur l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples homosexuels débutera le 29 janvier. Des militants de Civitas, une formation catholique radicale, ont déjà décidé de se réunir sous les fenêtres du parlement pour prier.

Mathias Chaillot avec Christophe Bordet