BFMTV
Politique

Manuel Valls se pose en "guerrier" lors de son apéro à l'Assemblée

Manuel Valls avait convié environ 150 parlementaires socialistes pour un "apéro républicain", le 3 décembre 2014 à l'Assemblée.

Manuel Valls avait convié environ 150 parlementaires socialistes pour un "apéro républicain", le 3 décembre 2014 à l'Assemblée. - Bertrand Guay - AFP

Une trentaine de parlementaires socialistes ont fait faux bond à "l'apéro républicain" organisé mercredi soir par le Premier ministre pour rassembler ses troupes en vue de 2015. Parmi les présents se trouvaient Philippe Doucet, Hugues Fourage, Olivier Faure ou encore Pascal Popelin.

"Ce n'est pas une réception des bons élèves, c'est aussi celles et ceux qui ont envie de faire réussir le gouvernement, faire réussir la majorité". En arrivant mercredi soir à l'apéro organisé par Manuel Valls, le député socialiste des Hauts-de-Seine Sébastien Pietrasanta a tenté de dégonfler la polémique née de l'initiative de proches du Premier ministre. Car nombreux sont les parlementaires PS qui se sont offusqués de ne pas recevoir de carton d'invitation pour cet "apéro républicain", auquel avaient été conviés environ 150 personnes.

Valls en "guerrier" qui veut durer à Matignon

La rencontre, organisée par le premier cercle vallsiste, dont le sénateur du Val-de-Marne Luc Carvounas et les députés de l'Essonne Carlos Da Silva et du Finistère Jean-Jacques Urvoas, a débuté vers 20h dans les locaux de la questure de l'Assemblée, avec l'arrivée de Manuel Valls. "Nous sommes des combattants, au service d'un collectif", a-t-il lancé en remerciant la petite centaine de parlementaires présents (une soixantaine de députés et une trentaine de sénateurs) pour leur loyauté sans faille. "Ce combat, nous le devons au pays et pour le rendez-vous de 2017, avec François (Hollande)", a-t-il ajouté.

Et de couper court aux rumeurs le donnent sur le départ de Matignon. "Il a dit 'Il y a des rumeurs disant que je partirais', il a bien sûr précisé que c'était le président de la République qui décidait (...) mais que, pour lui, il était là pour terminer le quinquennat et faire le travail tant qu'il aurait la confiance de François Hollande", a ainsi relaté le député PS des Bouches-du-Rhône Patrick Mennucci. "Je suis un guerrier", a également dit le Premier ministre, "au service des parlementaires et de l'ensemble des socialistes et des Français". Il a assuré de sa "fidélité au président et à la gauche", selon plusieurs participants, se défendant de préparer un courant en vue du congrès du Parti socialiste en juin 2015.

"Une ambiance d'OPA", pour Christian Paul

Ce "moment de convivialité" se voulait être "un rassemblement large de députés et sénateurs réformistes et sociaux-démocrates en soutien à l'action du président et du Premier ministre", selon les termes de Luc Carvounas. L'occasion de trouver des appuis pour Manuel Valls, à l'approche du lancement des travaux de préparation du congrès du PS, qui doit avoir lieu au mois de juin 2015. De reconquérir aussi une partie du Parti socialiste, irritée par ses déclarations sur "la maison commune" ouverte au centre, dans son interview à L'Obs en octobre dernier.

Mais cet "apéro républicain" a été surtout perçu par des parlementaires non invités comme une façon pour le Premier ministre de montrer ses "troupes". "En tant que chef de majorité, Manuel Valls gagnerait à s'adresser et à dialoguer avec tous les membres de sa majorité", a dit à la presse le député PS de la Nièvre Christian Paul, aux abords du Palais Bourbon. "Il y a une ambiance d'OPA, mais je ne veux pas croire que c'est une OPA inamicale!", a-t-il lancé. "Je pense que le temps est à dialoguer avec la majorité et peut-être trouver un nouveau contrat de majorité", a critiqué le parlementaire.

Sur BFMTV, le député PS de l'Essonne François Lamy a pour sa part qualifié l'initiative d'"erreur" des proches de Manuel Valls, trop soucieux de "propulser leur patron". "Sa mission c'est d'abord de rassembler, ça serait dommageable de le réduire à un chef de courant", a-t-il déploré. "Le patron" ne restera toutefois pas prisonnier bien longtemps de ce costumé apparemment étriqué puisqu'il redeviendra Premier ministre pour s'adresser aux Français lors d'une longue interview, dimanche soir dans le JT de France 2.

Sandrine Cochard avec AFP