Majorité en tête, Nupes bien placée... Les résultats des législatives des Français de l'étranger

Un électeur français vote à Rabat au Maroc dimanche 5 juin 2022 - FADEL SENNA / AFP
Les expatriés plébiscitent Emmanuel Macron. Les candidats de la majorité présidentielle sont arrivés majoritairement en tête ce dimanche au premier tour des législatives, à l'exception notable de Manuel Valls, éliminé dès le premier tour, dépassé par le député sortant, ancien LaREM, et par le candidat de la Nupes. L'alliance de gauche a réalisé une belle performance.
Dans les onze circonscriptions des Français de l'étranger, cette dernière est parvenue à placer ses candidats en tête dans deux d'entre elles. Et à décrocher la deuxième place presque partout. Autre enseignement: ce premier scrutin a davantage mobilisé qu'il y a cinq ans. Le taux de participation a atteint 19,1%, un chiffre plus élevé qu'en 2017, selon des chiffres encore provisoires.
À une semaine du premier tour, la cheffe du gouvernement a salué le travail de ses troupes et leur a renouvelé son soutien. Elle-même se frottera au scrutin des Français du Calvados, le 12 et 19 juin prochain.
Mes félicitations aux candidats de la majorité qui réalisent de beaux scores et défendront la construction d’une majorité solide au deuxième tour, a tweeté la Première ministre.
· Dans la 5e circonscription, la plus scrutée, Manuel Valls éliminé
"Je prends acte des résultats (...) Si la dissidence et la division ont semé la confusion, je ne peux pas ignorer mon score et le fait que ma candidature n'a pas convaincu", a déclaré Manuel Valls sur Twitter, avant même que les résultats officiels ne soient publiés par le ministère des Affaires étrangères, et en référence au député sortant et candidat dissident Stéphane Vojetta, arrivé 2e. Quelques heures plus tard, l'ancien Premier ministre a même supprimé son compte Twitter, fait assez rare pour un politique.
Dans cette cinquième circonscription des Français de l'étranger, qui regroupe l'Espagne, le Portugal, Monaco et Andorre, soit environ 120.000 électeurs inscrits, le candidat de l'union de la gauche, Renaud Le Berre (Nupes) est arrivé en tête avec 27,24% juste devant le sortant macroniste, Stéphane Vojetta (25,39%), qui avait donc perdu son investiture officielle au profit de l'ancien ministre de l'Intérieur.
· Aux États-Unis, la macronie en tête
Le député sortant, Roland Lescure (35,88% des voix), est conforté et arrive en tête ce dimanche chez les Français d'Amérique du Nord, dans la 1ère circonscription. Derrière lui, sur ses talons, la candidate de la Nupes, Florence Roger a remporté 33,43% des voix.
"Bravo aux autres candidats et merci aux milliers d'électeurs qui ont voté pour nous", a tweeté le porte-parole du parti présidentiel.
· Dans la 6e, Joachim Son-Forget éliminé
En Suisse, le député sortant, Joachim Son-Forget, élu en 2017 pour la République en marche, a été éliminé. En rupture avec son parti, au centre de multiples polémiques et proche de Marion Maréchal, il se présentait en indépendant et a été largement écarté par les électeurs au profit de Marc Ferracci (36% des voix), économiste et ami proche d'Emmanuel Macron.
Dans cette circonscription très favorable à la majorité présidentielle, ce dernier affrontera la candidate de la candidate de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) de Jean-Luc Mélenchon.
"Incroyable, mais vrai. La NUPES arrive au second tour chez moi. Maintenant les électeurs suisses et liechtensteinois ont le choix entre le parachutage ou la candidate du terrain et bien intégrée", a tweeté la candidate de la gauche.
· Élisabeth Moreno, derrière le candidat de la Nupes au Maghreb et Afrique de l'Ouest
Dans 9e circonscription, la majorité fait face au défi du second tour. Élisabeth Moreno, ancienne ministre de l'Égalité femmes-hommes, investie par LaREM à la place du député sortant M’jid El Guerrab - condamné à un an de prison ferme et deux ans d’inéligibilité pour l’agression à coups de casque d’un ancien responsable socialiste, Boris Faure, en 2017 - arrive à la deuxième place.
C'est le candidat de Génération.s, investi par la Nupes, Karim Ben Cheikh, qui arrive en tête en totalisant 39,99 % des voix.
· En Europe du Nord, le sortant LaREM en très bonne position
La 3e circonscription voit sans surprise arriver en tête Alexandre Holroyd, le député sortant (LaREM), qui a engrangé 38,51% des voix. Avec ce bon score, il devra malgré tout faire face à la Nupes au second tour. Avec 31,46 %, Charlotte Minvielle l'affrontera le 19 juin.
· Duel LaREM-Nupes également au Benelux
Écart comparable dans la 4e circonscription où le candidat macroniste sortant Pieyre-Alexandre Anglade arrive en tête avec 38,92 % des voix. Il retrouvera au second tour Cécilia Gondard (avec 32,46 %).
· Même cas de figure en Europe centrale
Le député sortant Frédéric Petit (MoDem) a aussi remporté le premier tour dans la 7e circonscription, avec 34,57 % des voix, devant Asma Rharmaoui-Claquin (Nupes), 26,06 % des suffrages, qu’il retrouvera au second tour.
"Merci aux électeurs pour leur confiance" a déclaré le candidat qui a bénéficié de la coalition "Ensemble!" pour faire gagner la majorité à ces élections. "Le combat continue", a ajouté Asma Rharmaoui-Claquin.
· Dans la 2e, LaREM en tête aussi
La macronie devance la Nupes au premier tour en Amérique latine et Caraïbes. Avec 33,98 % des suffrages, Éléonore Caroit affrontera au second tour le candidat de l'union de la gauche, Christian Rodriguez (27,72 % des voix). Ce premier scrutin a été marqué par une participation très faible: 14,93%. Cela pourrait jouer en faveur de la candidate de la majorité présidentielle dont les électeurs sont plus enclins à se déplacer aux urnes.
La députée sortante Paula Forteza, élue en 2017 sous la bannière macroniste, avait quitté la majorité en 2020 et ne s'est pas représentée.
· La sortante LaREM affrontera la Nupes au Proche-Orient et Afrique
Dans la 10e circonscription, Amélia Lakrafi est en bonne position également, avec 32,74 % des suffrages, contre 22,53 % à Chantal Moussa (Nupes).
· Même scénario dans la 11e
En Europe orientale, Asie et Océanie, dans cette circonscription qui rassemble 49 pays, la députée sortante, Anne Genetet (LaREM), dépasse largement les autres candidats avec 38,14 % des voix. Elle fera face au second tour à Dominique Vidal, la candidate de la Nupes qui a récolté 24,78 % des voix.
· Face-à-face centre-droit dans la 8e circonscription
L'Italie, la Grèce, la Turquie et Israël ont placé le candidat UDI, Meyer Habib, en tête. Élu en 2013 et réélu en 2017, il a obtenu dimanche 28,85 % des suffrages. Au second tour, il va faire face à la candidate macroniste Deborah Abisror-de Lieme (27,77 % des voix), ancienne cheffe de cabinet d’Olivier Véran lorsqu’il était ministre de la santé.
Le duel est serré entre les deux finalistes. Seuls 170 votes séparent les deux candidats. Le taux de participation est faible: 12,08 %. "Félicitations à mon ami", a tweeté Éric Ciotti qui lui assure tout son soutien au candidat UDI pour le second tour.
Les Polynésiens, la veille, ont eux aussi placé en tête les candidates investies par la majorité présidentielle dans la première (Nicole Bouteau, 41,9%) et la deuxième circonscription (Tepuaraurii Teriitahi, 33,2%). Dans la troisième circonscription, c'est en revanche le sortant Moetai Brotherson, qui siégeait avec les communistes à l'Assemblée, qui est arrivé en tête (34,2%), deux points devant le candidat macroniste.
"L'inquiétude est là" chez lez macronistes, expliquait dimanche soir sur LCI le sondeur Frédéric Dabi (Ifop) car "il y a des hypothèses qui donneraient des majorités relatives" au camp d'Emmanuel Macron, en dessous de la majorité absolue des 289 sièges. Elle devancerait la Nupes (LFI, EELV, PS, PC) autour de Jean-Luc Mélenchon qui pourrait atteindre entre 170 et 205 sièges, devant LR (35 à 55 députés) et le RN (20 à 50 sièges), selon l'Ifop.
"Le scénario d'une majorité absolue pour la Nupes est pour l'instant exclu", selon l'expert. De son côté, Jean-Luc Mélenchon veut toujours croire à une victoire qui obligerait alors Emmanuel Macron à le nommer Premier ministre, même si le président a rappelé qu'il avait la prérogative de choisir son chef du gouvernement, même en cohabitation.