Loi asile et immigration: violent accrochage entre une ministre et des députés LR à l'Assemblée

"Ce sont des méthodes autoritaires, qui ne sont pas acceptables dans une démocratie!" Soirée très tendue mercredi à l'Assemblée nationale, sur fond d'examen du projet de loi "asile et immigration", qui divise les députés jusque dans les rangs de la majorité. En fin de séance, après minuit, les élus Les Républicains ont réussi à bloquer l'avancée des débats et à provoquer un incident avec la ministre Jacqueline Gourault, alors qu'une ambiance électrique régnait entre les bancs de l'Assemblée depuis le début de la soirée.
"Monsieur Jacob, vous allez laisser continuer ces méthodes pendant longtemps? Obliger un ministre à répondre? Ce sont des méthodes autoritaires qui ne sont pas acceptables en démocratie. Qu'est-ce que c'est que ces méthodes?", a tonné la ministre auprès du ministre de l'Intérieur.
Un "plan caché de 40.000 régularisations"?
Pendant toute la soirée, les députés LR, notamment Fabien Di Philippo et Pierre-Henri Dumont, sont revenus à la charge contre Gérard Collomb, relayé ensuite par la ministre Jacqueline Gourault, pour savoir si le gouvernement avait un "plan caché de 40.000 régularisations" de sans-papiers, un chiffre évoqué par un élu de la majorité dans un article du Monde.
En commission, Gérard Collomb avait juste indiqué que "lorsque nous aurons examiné l'ensemble des articles de cette loi, nous pourrons débattre de ce qu'il convient de faire au sujet des personnes qui se trouvent sans statut". C'est cette insistance qui a fini par faire réagir Jacqueline Gourault.
La réponse de Gourault jugée "déplacée"
Christian Jacob lui a rétorqué qu'elle "perdait son sang-froid". "C'est le gouvernement qui est responsable devant le Parlement, pas l'inverse", a-t-il répliqué. "Je regrette que la ministre ait décidé délibérément de ne pas répondre à nos questions", a ajouté le député.
La réponse de Jacqueline Gourault a été également jugée "déplacée" par la socialiste Laurence Dumont. Un élu de la majorité reconnaissait après les débats que, même si un ministre "n'a pas à répondre à des injonctions", Jacqueline Gourault, ancienne sénatrice, avait été "extrêmement maladroite" face à des LR "privés de Collomb".
Encore 972 amendements à discuter
Quelques minutes auparavant, la présidente de la commission des Lois Yaël Braun-Pivet (LREM) était passée dans les rangs LR pour essayer, en vain, de pouvoir terminer dans le calme une séance qui dégénérait. Cet incident n'était en effet que la conclusion d'une soirée tendue dans un hémicycle empli de près de 200 députés, démarrée avec de multiples rappels au règlements de LR et de la gauche.
Au final, seuls 27 amendements ont été étudiés et l'article 3 n'a pu être soumis au vote. "Une soirée de gaspillée", déplorait une élue LREM. Reprise des débats a lieu ce jeudi à 09h30 avec encore 972 amendements en discussion et le retour attendu de Gérard Collomb.