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Primaire à droite: comment Fillon a pris le pouvoir grâce à son coup de colère

François Fillon pourrait s'imposer comme le troisième homme de la primaire de la droite.

François Fillon pourrait s'imposer comme le troisième homme de la primaire de la droite. - Thomas Samson - AFP

Avec son coup de sang contre l'organisation du dernier débat de la primaire, François Fillon a réussi à se démarquer. Une nécessité pour celui qui espère sortir vainqueur du trio de tête des sondages.

Il a réussi son coup. D'un troisième débat plutôt technique, à deux jours du premier tour de la primaire à droite, on retient le coup de colère de François Fillon. Durant la dernière partie de cette confrontation à sept, le troisième homme dans la course à la primaire s'en est pris à l'organisation du débat, reprochant aux journalistes d'interrompre les candidats sans arrêt sans leur laisser le temps d'aborder les sujets en profondeur.

"Vous êtes en train de nous couper la parole sur des sujets absolument fondamentaux", a lancé François Fillon à David Pujadas. "On n'est pas des commentateurs, on n'est pas là pour s'interpeller les uns les autres. [...] La conception que vous avez de ces débats, c'est une conception en termes de spectacle et non pas de fond", a-t-il dénoncé, avant de renchérir le lendemain sur BFMTV et RMC: "Nous n'étions pas là pour faire plaisir à des animateurs qui voulaient organiser une baston entre candidats".

Un incident au bon moment

D'après un sondage Elabe pour BFMTV réalisé auprès de téléspectateurs tout de suite après le débat, c'est le même François Fillon qui a été jugé le plus convainquant, plébiscité par 33% des personnes interrogées. Pour les éditorialistes de BFMTV, cela n'a rien d'un hasard. 

"Il a créé un incident au bon moment, il a quasiment pris le pouvoir pendant ce débat", résume Bruno Jeudy, sur BFMTV. "Pour lui c’était très important, c’était presque 'je m’impose et c’est moi qui organise le débat', estime l'éditorialiste.

Pour le journaliste, l'ancien Premier ministre n'a pas été "meilleur sur l'ensemble de l'émission", mais a marqué un point considérable avec ce coup de colère.

Se montrer capable d'être président

Une analyse partagée par Ruth Elkrief, pour qui cette sortie du candidat visait à asseoir son autorité. 

"Il traduit un agacement qu’on a vu chez ses concurrents, c’est lui qui prend le lead de la contestation. C’est de bon ton de casser des journalistes (…) mais quand il le dit, il montre qu’il est capable de s’opposer au système, aux médias, capable d’avoir l’autorité pour prendre le pouvoir sur une situation. Et pour lui c’était un des enjeux, montrer qu’il est capable d’être président", estime la journaliste, qui avait animé le deuxième débat de la primaire, diffusé sur BFMTV et iTélé.

Un appel aux électeurs

Ce coup de colère a aussi participé d'une stratégie de démarcation, pour François Fillon. Dans les récents sondages, il apparaît capable de remettre en cause le duo Juppé-Sarkozy. Il lui restait à le prouver durant le débat.

Si son coup de gueule a eu l'air spontané, il lui a permis d'amener sa conclusion qui, elle, était préparée. A la fin du débat, il a en effet repris ses accusations contre les journalistes, appelant les électeurs à ne pas "avoir peur" de "contredire les médias qui ont tenté d'imposer un duel". Mais au-delà des journalistes, François Fillon s'adressait à ses potentiels électeurs. 

"Derrière l’extrait, il dit qu’on a envie de parler de la santé, il enchaîne, il se met dans la poche peut-être une partie des gens qui iront voter dimanche", analyse Ruth Elkrief. "Il a réussi l’exploit d’apparaître comme un homme neuf, il s’est suffisamment décalé de Nicolas Sarkozy", conclut-elle.

EN DIRECT: Le résultat de la primaire de la droite et du centre

Charlie Vandekerkhove