Le "pain au chocolat" de Copé, un goût amer pour certains UMP

Le candidat à la présidence de l'UMP Jean-François Copé - -
Après le racisme anti-blanc, Jean-François Copé crée à nouveau la polémique. Vendredi soir lors d’un meeting à Draguignan, le candidat à la présidence de l’UMP évoque, sur le ton de l’anecdote, le cas d’un jeune qui se serait fait "arracher son pain au chocolat par des voyous" sous prétexte que l’on ne mange pas au ramadan.
"Il est des quartiers où je peux comprendre l'exaspération de certains de nos compatriotes, père ou mère de famille rentrant du travail le soir, apprenant que leur fils s'est fait arracher son pain au chocolat par des voyous qui lui expliquent qu'on ne mange pas pendant le ramadan", avait-il déclaré.
"Des phrases toxiques"
Un pain au chocolat que certains élus UMP ont eu du mal à digérer. C’est le cas de François Baroin. Dimanche, sur France 2, l’ex-ministre des Finances de Nicolas Sarkozy, a estimé que l’anecdote relatée par Jean-François Copé faisait partie de "ces toutes petites phrases [qui] sont toxiques et dangereuses" voire "d’altérer le pacte républicain". Pour Baroin, Copé se trompe de combat :"c'est une erreur d'analyse", a-t-il conclu.
Un point de vue partagé par l’ex-Premier ministre Alain Juppé. Interrogé dimanche sur le sujet lors de l’émission Le Grand Jury sur RTL, le maire de Bordeaux, a jugé que les propos de Copé n’allaient pas "dans la bonne direction". Même si selon Juppé, Copé a été "irréprochable vis-à-vis du FN tout au long de sa vie politique" (…) "il a fait une déclaration que je ne peux pas approuver, mais de là à faire tout un plat et donner des leçons de morale, il y a un pas que je ne franchis pas", a-t-il affirmé. Prudent, l’ancien ministre a préféré recommander de ne "pas en faire un sujet de polémique partisane et politicienne".
Silence radio de Fillon
Pour d’autres, cette controverse n’a pas lieu d’être. Le patron des députés UMP Christian Jacob a fait savoir qu’il n’avait "rien trouvé de toxique" dans les propos de Jean-François Copé. L’anecdote ne relèverait pas de la fiction mais serait même documentée selon Jacob : "[elle] s’appuie sur les témoignages qu'il a recueillis dans sa ville de Meaux mais aussi ailleurs en France".
De son coté, Eric Ciotti, président du conseil général des Alpes-Maritimes, a dit préférer "les actes forts aux paroles fortes".
Et qu'en pense le principal intéressé ? Apparemment, les réactions qu'ont suscité ses propos ne l'ont pas ébranlé. Invité de "12/13 dimanche" sur France 3, Copé assume :"des gens instrumentalisent la religion afin de provoquer la République". "Cela n'a rien à voir avec l'exercice du culte qui, dans notre pays, est parfaitement organisé", a-t-il fait valoir.
Quant à François Fillon, son rival dans la course à la présidence de l’UMP, il n'a pas encore réagi à cette petite phrase qui semble pourtant marquer une certaine rupture idéologique entre les deux hommes.