En pleine affaire Bettencourt, de nombreuses rencontres Sarkozy-Courroye

Selon Le Monde, un certain "Ph C" apparaissait régulièrement sur les agendas de Nicolas Sarkozy, alors encore en exercice à la présidence de la République. - -
Les révélations du Monde relancent l'affaire Bettencourt. Le quotidien raconte, dans un article publié vendredi, que l'ancien chef de l'Etat Nicolas Sarkozy et l'ex-procureur de Nanterre Philippe Courroye se seraient rencontrés au moins huit fois, à des dates qui correspondent à des étapes clés de l'affaire Bettencourt.
Philippe Courroye nie avoir évoqué ce dossier lors de ses entrevues avec Nicolas Sarkozy et a d'ores et déjà annoncé son intention de déposer plainte pour "violation du secret de l'instruction et recel", selon Le Figaro.
"Ph C" à l'agenda présidentiel
Le journal, qui a obtenu des procès-verbaux versés à l'enquête judiciaire, menée à Bordeaux, cite divers rendez-vous entre les deux hommes. Un certain "Ph C" apparaîtrait ainsi régulièrement sur l'un ou l'autre des agendas présidentiels. Parfois avec la mention "arrivée par le parc", pour garantir, semble-t-il, la discrétion de la rencontre.
Selon Le Monde, Nicolas Sarkozy et Philippe Courroye se seraient ainsi rencontrés le 12 juin 2010, soit deux jours après que la fille de Liliane Bettencourt eut apporté à la brigade financière le produit des enregistrements réalisés pendant un an par le majordome de sa mère.
Ou encore le 11 septembre 2010, alors que l'ancienne comptable Claire Thibout a évoqué un possible financement illicite de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Un rendez-vous qui tombe aussi quatre jours avant un voyage du procureur en Suisse pour y chercher des éléments sur un tel financement, voyage dont il rentre quasi-bredouille.
Les agendas, assure le quotidien, montrent aussi des rendez-vous de Philippe Courroye avec Patrick Ouart et Jean-Pierre Picca, deux conseillers "justice" successifs de Nicolas Sarkozy à l'Elysée.
"Rencontres privées"
Entendu pendant plusieurs heures le 2 octobre par deux des juges en charge de l'affaire Bettencourt à Bordeaux, l'ex-procureur a été questionné sur ces coïncidences. Selon Le Monde, il a confirmé connaître personnellement Nicolas Sarkozy depuis une douzaine d'années. Mais aussi "le voir depuis une à trois fois par an pour évoquer des sujets généraux et institutionnels", au cours de "rencontres privées".
"Il n’a jamais été question de cette affaire dans mes rencontres avec M. Sarkozy, M. Ouart ou M. Picca", aurait ainsi assuré aux juges Philippe Courroye, aujourd'hui avocat général à Paris. Et d'ajouter : "Vous n’imaginez pas Nicolas Sarkozy ou M. Ouart m’interroger sur des affaires que je pouvais traiter. Vous m’imaginez encore moins moi-même répondant à des questions sur ces affaires ou prenant des 'instructions'. Le penser serait même outrageant".
Il aurait complété : "Mes relations avec Nicolas Sarkozy n’ont jamais porté sur aucune affaire que je traitais", et "M. Nicolas Sarkozy ne m’a jamais parlé du financement de sa campagne et je ne lui en ai jamais parlé".
De nombreux acteurs du dossier estiment que M. Sarkozy lui-même pourrait être interrogé rapidement dans cette affaire par les juges.