Copé et les thèses du FN : la stratégie du désespoir

Le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé - -
"Pains au chocolat" arrachés des mains des enfants pendant le ramadan, "racisme anti-blanc" sévissant dans certains quartiers… À coups de petites phrases, vérités obscures et expressions empruntées aux thèses du Front national, Jean-François Copé oriente peu à peu son discours vers les électeurs les plus à droite de l'UMP. Une stratégie électoraliste que le candidat à la présidence du parti d'opposition espère faire fructifier en fédérant autour de lui une base militante soudée par la peur de l'islam, thème déjà porteur de la récente campagne présidentielle et des élections législatives qui ont suivi.
Le congrès UMP approche, et la course à la présidence est pour l'instant à l'avantage de l'adversaire Fillon, ringardisé, à dessein, en "Hollande de droite" ou en "candidat des barons". Jean-François Copé cible ainsi les soutiens de l'ancien Premier ministre.
Il évoque surtout une "élite" coupée des problèmes quotidiens de l'électorat umpiste, quand lui se veut l'incarnation d'une "droite décomplexée, républicaine, moderne et libérée du politiquement correct", qu'il qualifie lui-même d'"ordre établi imposé par la gauche bien-pensante pour assurer sa domination". On est proche de la théorie du complot politico-médiatique, et des thèses du FN.
Même s'il s'en défend, Jean-François Copé ne s'y trompe pas lorsqu'il reprend à son compte dans son livre-programme l'expression très connotée à droite de "racisme anti-blanc". Un "phénomène impossible à voir depuis les sphères médiatiques et politiques", mais que le secrétaire général de l'UMP dit savoir se développer dans les quartiers difficiles.
La phrase ressemble à s'y méprendre à une autre, prononcée en mai par Marine Le Pen, dans laquelle la présidente du parti d'extrême droite accuse les médias de ne pas assez "sortir dans les banlieues" pour constater l'explosion du "racisme anti-blanc".
Monopoliser l'attention médiatique
Qu'importe. L'effet recherché - monopoliser le débat - est atteint : l'ensemble de la classe politique commente la sortie du député-maire de Meaux, jusqu'à son adversaire lui-même, bien obligé de constater, impuissant, que la présentation de son programme est relayée à un rang inférieur.
Mêmes conséquences au premier jour du lancement officiel de la campagne pour la présidence de l'UMP, et la saillie, elle aussi présente dans le "manifeste pour une droite décomplexée", contre les "voyous" qui "arrachent le pain au chocolat" des enfants sous prétexte de ramadan. La gauche s'indigne, le camp Fillon parle de propos "toxiques", et Jean-François Copé monopolise encore une fois l'attention médiatique.
Dans un contexte d'élection, la méthode rappelle la stratégie très droitière de Nicolas Sarkozy lors des campagnes présidentielles de 2007 et 2012 : chasser sur les terres du FN pour capitaliser le vote protestataire. Portera-t-elle ses fruits dans le cadre d'une élection interne ? Réponse le 18 novembre lors du congrès de l'UMP.