Budget de l'État: Larcher appelle les socialistes à "mesurer leur responsabilité vis-à-vis du pays"

Le président du Sénat, Gérard Larcher, à l'Élysée le 26 août 2024 - STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Un coup de pression. Le président du Sénat, Gérard Larcher (LR) appelle ce jeudi 30 janvier sur France 2 les socialistes à "mesurer leurs responsabilités vis-à-vis du pays", à quelques heures d'une réunion décisive en Commission mixte paritaire (CMP) entre députés et sénateurs pour établir une version commune sur le budget de l'État.
"Est-ce que l’on peut continuer à être sans budget, avec les conséquences que cela a au quotidien pour les citoyens, les collectivités territoriales, le monde économique?", interroge-t-il, alors que la France se contente depuis le début d'année d'une loi spéciale.
"Irresponsable"
Le patron du Palais du Luxembourg anticipe l'étape d'après. En effet, le rôle des socialistes n'est pas déterminant ce jeudi, le rapport de force de la CMP étant favorable à la coalition gouvernementale, avec 8 membres de son camp sur 14. Cette instance devrait donc s'avérer conclusive. Dès lors, le texte serait soumis à l'Assemblée puis au Sénat en début de semaine prochaine, et François Bayrou déclencherait sans doute l'article 49.3 pour se passer du vote des députés, faute de détenir la majorité.
Et là, que feront les socialistes? Participeront-ils au vote de la motion de censure, contrairement au 16 janvier dernier, où seuls 8 des 66 membres du groupe s'étaient prononcés pour? Si les députés RN votaient pour, au même titre que les écologistes, les insoumis et les communistes, la décision du PS serait alors décisive.
Gérard Larcher les intime par avance à ne joindre leurs voix à cette disposition: "Je pense que les socialistes sont des gens responsables et qu'à un moment ou un autre, ils marqueront clairement qu'ils ne sont pas d'accord avec ce budget. Mais l’idée de censurer ce budget, m’apparaît irresponsable", dit le sénateur des Yvelines.
Pour l'instant, tout est ouvert à entendre les principaux intéressés. Certes, le sort de la CMP ne dépendra pas d'eux, mais "s'il n'y a pas d'ouverture à gauche", ils voteront la "censure", a prévenu ce jeudi le député Philippe Brun, chargé de négocier au nom de son parti dans ce conclave.
Larcher défend la réduction du budget de l'AME
Jusqu'ici satisfaits, sans être totalement convaincus, par plusieurs gestes de François Bayrou - comme la non-supression de 4.000 postes dans l'Éducation nationale - les socialistes ont suspendu les négociations sur le budget ce mardi.
En cause: les déclarations du Premier ministre, qui a parlé d'un "sentiment de submersion", migratoire lundi, avant d'assumer ses propos le lendemain à l'Assemblée nationale. Une faute lourde pour le PS, François Bayrou reprenant un vocabulaire fleurissant à l'extrême droite.
Les socialistes demandent au chef du gouvernement de revenir sur sa parole, mais ce dernier ne s'est pas vraiment dédit mercredi au Sénat lors des questions au gouvernement où il était représenté par un proche, Patrick Mignola, ministre des Relations avec le Parlement.
Sur le plan strictement budgétaire, ils ont aussi plusieurs demandes, comme la hausse du Smic ou le rétablissement des crédits du Fonds vert", qui finance notamment les collectivités locales pour la transition écologique. Ils souhaitent également, selon la numéro deux du parti Johanna Rolland, ne "pas toucher à l'aide médicale d'État" pour les étrangers en situation irrégulière. Or, celle-ci a été diminuée de 200 millions d'euros par le Sénat à majorité de droite.
Gérard Larcher s'en défend: "Ne caricaturons pas ce que nous souhaitons. Bien entendu, les soins d’urgence, les grossesses, la prévention, les vaccins, tout ceci est maintenu", souligne-t-il, "mais nous réduisons l'enveloppe de l'aide médicale d'État et nous mettons sous condition d'avis médical un certain nombre d'interventions".
Ou comment résumer le très difficile équilibre à trouver entre LR d'un côté et les socialistes de l'autre.