Affaires Sarkozy: revoilà la théorie du complot

Les affaires judiciaires implicant des hommes politiques sont souvent l'occasion de défendre la théorie du complot. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE
La trêve ne pouvait pas survivre à l’avalanche d’affaires qui s’abattent actuellement sur la droite. Revoilà la théorie du complot, et ses codes habituels.
D’autant que les révélations du Monde -sur les écoutes de Sarkozy-, du Canard enchaîné -dévoilant les enregistrements de Patrick Buisson- et consorts ont eu la mauvaise idée de tomber quelques semaines avant les élections municipales. "Pas une coïncidence", selon Jean-François Copé, qui en profite pour s’offrir un peu de tranquillité. Une "affaire politique" pour Thierry Herzog, l’avocat de Sarkozy. "Pas un hasard" pour son ami de trente ans, Brice Hortefeux.
Le camp Sarkozy semble ainsi évoquer certaines forces occultes qui, au cœur de leur projet maléfique, l’auraient choisi comme bouc émissaire. Sans le nommer, les critiques visent évidemment "l’empire" socialiste qui, en plus de posséder tous les pouvoirs, voudrait éliminer toute contestation.
Jean-Marc Ayrault a, lui-même, évoqué, mardi au journal de France 2, "la culture du complot qui est celle de l'UMP depuis des années", difficile de lui donner complètement tort. Sauf que l'opposition actuelle n'est pas la seule à user de cette bonne vieille technique.
L'affaire Cahuzac
L’histoire récente offre, en effet, quelques exemples similaires, prouvant que la droite ne possède pas le monopole de la théorie du complot.
L’affaire Cahuzac en est le parfait exemple. "Ces affirmations sont délirantes et insensées. Elle sont des faux grossiers, construits et colportés dans l’intention de me nuire", expliquait l’encore ministre du Budget en décembre 2012, au moment des révélations de Mediapart. Une version reprise à l'époque –avec prudence- par Olivier Faure, le numéro 3 du PS : "Ce que j’observe c’est qu’on a une histoire de Clochemerle avec un ancien opposant aux municipales de Jérôme Cahuzac qui détient un enregistrement qu’il prétend être réel, qu’il transmet à un autre opposant aux législatives et au fond une histoire qui tourne en boucle".
L'affaire Strauss-Kahn
Le parallèle peut être également établi avec le traitement infligé à Dominique Strauss-Kahn lors de l’affaire du Sofitel en 2011. Là encore, la théorie du complot a bénéficié de la proximité avec l’élection présidentielle, à laquelle l’ancien ministre était présenté comme favori.
Les avocats de DSK s’en emparent immédiatement, lui-même s'y adonnant également. Quelques mois plus tard, il n’hésite d’ailleurs pas à mettre en cause ses "opposants politiques". "Je ne pensais pas qu’ils iraient si loin", lâche-t-il ainsi en avril 2012 à un journaliste du Guardian, évoquant un mystérieux mail envoyé à sa femme et "retrouvé coincé dans une photocopieuse de l’UMP" à Paris. "Cela arrive à un moment qui arrange un peu tout le monde. Ça surprend quand même", renchérit alors François Loncle (PS), l’un de ses proches.
Une méthode qui a fait ses preuves
Ces trois affaires sont loin d’être isolées. D’autres ont fait appel aux thèses complotistes, comme Jean-Noël Guerini (PS) ou Serge Dassault (UMP), ce qui ne préjuge évidemment pas de leur culpabilité ou de leur innocence.
La méthode employée est d’ailleurs loin d’être stupide puisque selon Le Monde, la moitié des Français croient en effet à la théorie du complot. De quoi en rassurer certains.