Les magistrats furieux contre Brice Hortefeux

L'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) appelle la ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, à intervenir après une nouvelle intrusion de Brice Hortefeux dans le domaine judiciaire. Le ministre de l'Intérieur a fait une série de propositio - -
PARIS (Reuters) - L'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) appelle la ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, à intervenir après une nouvelle intrusion de Brice Hortefeux dans le domaine judiciaire.
Son président, Christophe Régnard, estime que le ministre de l'Intérieur "piétine les plates-bandes" de Michèle Alliot-Marie avec ses propositions publiées vendredi dans Le Figaro.
"Nous voulons que la ministre utilise un droit de réponse. Si avec ça elle ne répond pas, ça veut dire que le pouvoir judiciaire s'est déplacé place Beauvau" au ministère de l'Intérieur, dit-il à Reuters.
Marie-Pierre de la Gontrie, secrétaire national du Parti socialiste à la justice, a également jugé "la fébrilité du ministre de l'Intérieur inquiétante."
"Désigner les magistrats comme boucs émissaires de sa propre inefficacité est inacceptable: la réalité, c'est la disparition de 11.000 policiers, c'est la disparition de la prise en charge de mineurs délinquants faute de moyens, c'est la paupérisation de la justice", dit-elle dans un communiqué.
Comme l'avait fait Nicolas Sarkozy la semaine dernière lors d'une réunion avec des élus UMP, Brice Hortefeux insiste sur le "décalage entre la souffrance des victimes et la réponse pénale apportée par une minorité de magistrats".
Il estime ainsi que les tribunaux correctionnels "pourraient fort bien être composés de jurys populaires tirés au sort et se prononce pour l'élection des juges d'application des peines.
Interrogé sur la loi pénitentiaire de 2009 qui prévoit qu'un condamné à moins de deux ans de prison puisse bénéficier d'un aménagement de peine, le ministre de l'Intérieur se prononce pour la modification de la loi.
"Avoir quasiment l'assurance de ne pas effectuer sa peine de prison, quand on est condamné à moins de deux ans, est un dispositif parfaitement inadmissible pour les citoyens et totalement incompréhensible pour les policiers et les gendarmes", dit-il.
Pour Christophe Régnard, Brice Hortefeux reprend "la série de clichés habituels qu'on a connus lorsque Nicolas Sarkozy était ministre de l'Intérieur" et marqués par "le populisme."
Il estime qu'il suffit de prendre en compte la surpopulation carcérale en France pour comprendre que "le laxisme est seulement dans les propos des politiques."
"Qui pourrait penser que les magistrats, par plaisir, viendraient saboter les procédures de police ?", demande-t-il.
Le président de l'USM déplore également l'attitude de certains syndicats de police. "Leur problème, c'est de vouloir se passer des juges, mais ça n'existe que dans les dictatures", dit-il.
Gérard Bon, édité par Yves Clarisse