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Les élus marseillais face au "pacte national" de Valls

Manuel Valls a proposé jeudi un "pacte national" pour mettre fin aux querelles politiciennes contre les trafics à Marseille.

Manuel Valls a proposé jeudi un "pacte national" pour mettre fin aux querelles politiciennes contre les trafics à Marseille. - -

Contre le trafic de drogue, et face aux récents faits divers qui ont secoué Marseille, Manuel Valls a proposé jeudi un "pacte national" pour mettre fin aux querelles politiciennes et agir de concert. Un pacte accueilli de façon mitigée par les élus locaux.

Face à une violence et à des trafics de plus en plus incontrôlables à Marseille, Manuel Valls a lancé jeudi l'idée d'un "pacte national", dépassant des querelles politiciennes. "Tous les élus doivent se retrouver autour de la Métropole" a ainsi déclaré le ministre de l'Intérieur. "Nous avons besoin que la question de la sécurité soit préservée d'un débat politique absurde", a-t-il réitéré ce vendredi matin.

Une proposition diversement appréciée par les élus locaux et la classe politique en général.

>> Le ministre de l'Intérieur sera l'invité de Ruth Elkrief sur BFMTV, ce vendredi à 19 heures

Jean-Claude Gaudin, maire UMP de la ville, se montre convaincu: "Essayons d'éradiquer le trafic de drogue, essayons d'empêcher les voyous d'acheter des kalachnikov aussi facilement. Je suis d'avis qu'on travaille ensemble dans les mois qui viennent", a-t-il indiqué.

Côté socialiste, certains candidats aux primaires pour les municipales demandent une trêve, pour se "retrouver, ne pas renchérir, dépassionner ce débat et trouver les bonnes solutions", comme le souligne Christophe Masse, qui demande de "suspendre les primaires pendant ce laps de temps".

"Qu'il y ait du contenu à l'intérieur"

"J'ai envie de dire enfin" a confié Marie-Arlette Carlotti, également candidate aux primaires PS à Marseille, vendredi matin, sur RTL, assurant qu'elle avait elle-même demandé une telle réunion à Manuel Valls "depuis plusieurs jours". La ministre s'est élevée contre "la surenchère". "On va faire un état des lieux, plutôt que de se renvoyer la responsabilité", a-t-elle affirmé.

Plus sceptique, Samia Ghali, maire PS des 14e et 15e arrondissements de Marseille indique: "J'ai été la première à dire qu'il fallait mettre des moyens exceptionnels et ce pacte peut être un moyen exceptionnel, mais il faut aussi qu'il y ait du contenu à l'intérieur. Si c'est juste pour faire la photo de famille, avoir des belles images, moi ça ne m'intéresse pas".

La députée UMP des Bouches-du-Rhône, Valérie Boyer, adjointe au maire de Marseille a, elle, déclaré sur BFMTV qu'elle voulait bien un pacte, mais pas "un marché de dupes". L'élue dénonce ainsi le renfort d'effectifs: "ce sont des effectifs mobiles, qui par exemple, ce week end, ne seront pas présents à Marseille". Elle réclame également "des effectifs spécialisés pour la lutte anti-drogue qui soient attachés à notre territoire" ainsi qu'une "plus grande cohérence police-justice".

"Poudre aux yeux"

Au niveau national, Marine Le Pen a qualifié vendredi de "poudre au yeux" les propos de Manuel Valls. "Les grandes déclarations disant 'on va augmenter le nombre de policiers, on va se réunir autour d'une table', c'est de la poudre au yeux pour calmer les impatiences d'une opinion publique qui se rend compte que le ministère de l'Intérieur est dans l'incapacité totale de ramener la sécurité non seulement à Marseille mais en réalité dans l'ensemble de la France", a déclaré présidente du Front national, sur Radio classique/LCI.

"Il y a une absence totale de résultat en matière de lutte contre la criminalité à Marseille qui probablement révèle autre chose qu'une aggravation de cette criminalité", a-t-elle ajouté. Pour le vice-président du Front national, Florian Philippot, interrogé sur BFMTV, "il (Manuel Valls) reprend des formules qui parleront, mais il n'y a rien derrière".

"Manuel Valls a repris la même méthode que Nicolas Sarkozy de 2002 à 2007. Chaque fois que la police a un succès il se précipite pour se l'attribuer. A chaque fois qu'il y a un problème, il explique que ça va aller mieux en mettant des moyens supplémentaires ou en changeant tel ou tel dispositif pénal. Si ça marchait ça se saurait. En vérité on a un système judiciaire qui est thrombosé et devenu complétement inefficace", a jugé Hervé Morin sur BFMTV ce vendredi matin.

"La fermeté ne se décrète pas, elle se met en oeuvre", a pour sa part déclaré Rachida Dati, ancienne Garde des Sceaux et vice-présidente de l'UMP qui affirme que "le 'pacte national' (...) commence d'abord par une politique pénale gouvernementale ferme et assumée pour combattre cette criminalité organisée".

A la rescousse de Manuel Valls, Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire national du PS, a affirmé que le "pacte nationale" est "une bonne idée. Après, il faut la faire prospérer et j'espère que l'ensemble [des acteurs] va saisir la proposition qui peut bousculer la situation sur place".

Magali Rangin avec AFP