Les écologistes veulent briser le tabou de la sécurité

NANTES (Reuters) - Alors que la politique sécuritaire du gouvernement continue de susciter la polémique, les écologistes veulent à présent occuper ce terrain longtemps réservé à la droite, sur lequel ils sont jugés "peu crédibles" par l'opinion publique.
Un atelier sur la réforme de la police, intitulé "Que ferait un écologiste au ministère de l'Intérieur ?", a ainsi rempli samedi l'un des amphithéâtres du campus universitaire de Nantes (Loire-Atlantique) lors des Journées d'été du rassemblement d'Europe Ecologie et des Verts.
Adjointe (Verts) au maire d'Amiens (Somme) chargée de la sécurité, Emilie Thérouin a ainsi réclamé l'élaboration d'une "doctrine écolo de la sécurité" à ses instances nationales, alors que le sujet est encore tabou pour nombre d'écologistes.
"Quand j'ai demandé en 2008 au maire d'Amiens la délégation à la sécurité, j'en ai pris plein la figure. Certains militants m'ont dit que j'étais folle", a-t-elle raconté.
Emilie Thérouin veut par exemple ressusciter la "police de proximité" du gouvernement Jospin (1997-2002), que Nicolas Sarkozy avait remplacé par les Uteq (Unités territoriales de quartier).
Celles-ci ont été rebaptisées jeudi "Brigades spécialisées de terrain" (BST) par le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, pour qui "ces policiers ne sont pas des agents d'ambiance ou des éducateurs sociaux", un reproche souvent fait à la "police de proximité".
Emilie Thérouin réclame aussi un renforcement des relations entre les élus et la police nationale. "Il y a 450 voitures qui brûlent par an à Amiens, ce n'est pas avec la "pol'prox'" qu'on va résoudre tout ça, on n'est pas chez Candy", a-t-elle dit.
Lors des Journées d'été, le député européen Daniel Cohn-Bendit a critiqué le silence de la gauche sur la politique sécuritaire du gouvernement, estimant que cette dernière préfère parler de "l'insécurité sociale" ou "l'insécurité écologique" pour éviter ce terrain politiquement miné.
"On se fout de la gueule des gens", avait-il déclaré jeudi soir après la présentation d'un sondage interne selon lequel un tiers des électeurs d'Europe Ecologie ne se considèrent pas comme "de gauche".
"Il y a certes une insécurité sociale ou écologique, mais il y a aussi une insécurité tout court ! Si on n'a pas peur d'innover, de dire des choses qui ont toujours été incorrectes dans nos têtes, alors on pourra conquérir un électorat qui se dit ni de droite, ni de gauche", avait plaidé Daniel Cohn-Bendit.
Guillaume Frouin, édité par Gérard Bon