Le vrai démarrage du quinquennat

Les Coulisses de la politique avec Véronique Jacquier, sur RMC du lundi au vendredi à 7h20 - -
C’est la fin du début. La fin de six mois d’hésitation et errements qui ont conduit François hollande dans les abysses de l’impopularité. Fini la présidence normale, François Hollande a dit hier qu'il était un président responsable, et ce qui est nouveau, c’est le ton : pas de subtilité de langage, François Hollande dresse un tableau sombre de la situation du pays. « Nous vivons bien plus qu’une crise… Nous vivons un changement du monde », a-t-il dit. Langage de vérité donc, mais François Hollande ne tombe pas dans l’autocritique. Mardi, nous avons eu un président qui assume ses choix, quitte à être impopulaire : « En six mois, je n’ai pas eu besoin de faire de tournant ou de virage. C’est vrai que j’avais contesté la TVA sociale, mais je n’ai pas attendu cinq ans pour prendre une décision, mais six mois. Et j’assume ».
Nous avons un président très habile. Evidemment, il a pris un virage, François Hollande assume désormais de donner un cap social-libéral à sa politique. Le mot compétitivité n’est plus un gros mot, et il n’a plus de problème pour justifier une hausse du taux de TVA.
Le président s’est montré très sûr de lui et de sa méthode…
C’est le moins que l’on puisse dire, quitte à froisser certains membres de sa majorité. Enterré le droit de vote des étrangers ! Pragmatique, François Hollande reconnait qu’il lui faut l’adhésion des trois cinquièmes du parlement et qu’il ne les a pas. Et sur la compétitivité, le président n’a eu de cesse de caresser les entreprises dans le sens du poil. L’aile gauche du PS a dû apprécier, mais François Hollande, malgré son habileté, a eu une phrase malheureuse, celle sur le chômage : « Nous allons avoir une hausse de chômage continue pendant un an, et nous allons nous concentrer pour inverser la courbe du chômage ».
Une telle phrase montre les limites de la méthode Hollande. Pas d’annonce, pas de propositions de réformes structurelles pour en venir à bout. Même chose quand le président nous parle des entreprises qu’il faut soutenir, il ne nous explique pas comment il va empêcher des usines de fermer.
Mais pour François Hollande, sa méthode s’inscrit dans la durée. Il l’a dit, il veut être jugé sur des résultats dans cinq ans.
C’est vrai, mais il prend un risque. En reconnaissant que 2013 va être une année difficile et que la courbe du chômage va continuer à monter, François Hollande souligne que les vrais problèmes commencent. Sa politique, qui se veut désormais pragmatique, sera-t-elle suffisante pour les résoudre ? Si la France entre en récession, que se passe-t-il ? De même, François Hollande mise beaucoup sur la concertation entre les syndicats pour régler toutes les questions d’emploi, mais s’ils ne s’entendent pas. Va-t-il falloir en venir à des lois impopulaires ? La conférence de presse de mardi avait encore malheureusement des accents de campagne électorale.
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