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Politique

Le Vatican, c’est la monarchie la plus archaïque du monde !

Hervé Gattegno

Hervé Gattegno - -

Le monde entier a les yeux braqués sur Rome, où s’ouvre le Conclave qui doit élire le nouveau Pape. Une fascination pour une monarchie pourtant rétrograde.

Sans manquer de respect aux catholiques, on a le droit de dire que le système pontifical est anachronique et même moyenâgeux. Pas grand-chose n’a changé sur la forme ni sur le fond depuis les Borgia. Au-delà du décorum et de la part de théâtre dans ces procédures codifiées au maximum, c’est une monarchie qui se transmet et qui s’exerce dans l’opacité absolue. L’autre culte pratiqué au Vatican, c’est le culte du secret. S’agissant d’un pouvoir censé régner sur un milliards d’individus, ça devrait plus inquiéter que fasciner.

Mais est-ce que le « renoncement » de Benoît XVI n’entraîne pas, de fait, une modernisation de l’Eglise ? On dit que certains des favoris à sa succession prônent des réformes…

Il ne faut pas exagérer l’effet rénovateur du geste de Benoît XVI : de fait, le choix de son successeur est entre des conservateurs purs et durs et des partisans de micro-changements. Il n’y a pas de cardinal en campagne pour le mariage des prêtres ! Or il y a bien une campagne, mais la plus antidémocratique qui soit : elle se joue sur des luttes d’influence et des jeux de réseaux dont on ignore tout. Les vaticanologues décryptent après coup (comme jadis les kremlinologues à Moscou) ce qui a dû se passer, mais on n’en sait jamais rien. Quant aux réformes, la vérité c’est qu’après Benoît XVI, le prochain Saint-Père ne pourra pas faire pire…

Ce Pape ne laissera-t-il pas une grande trace dans l’histoire ?

Si, pour sa démission. Son bilan politique est désastreux : il a laissé l’église catholique s’enfoncer dans le conservatisme, perdre de l’influence même en Amérique latine et en Afrique. Il a reconnu, c’est vrai, la responsabilité de l’Eglise dans les scandales de pédophilies, mais bien tard et il n’a pas changé d’un iota la ligne officielle (réactionnaire) sur le célibat, l’homosexualité et la place des femmes dans le clergé. Sans compter que le Vatican n’admet toujours pas le remariage des divorcés ni l’usage du préservatif pour lutter contre le sida ! Et puis l’affaire des fuites au Vatican a révélé l’ampleur de la corruption au sein de l’Eglise… Seul l’auteur des fuites a été poursuivi.

Doit-on croire que tout cela soit possible pour autant ?

Soyons comme Saint-Thomas : attendons de voir… Au-delà de son rôle spirituel, qui ne regarde que les catholiques, si on juge que le Pape a un rôle politique à jouer dans le monde, il faut espérer que le prochain remette l’église catholique en phase avec son temps : qu’il lui donne un vrai discours sur la crise, peut-être qu’il porte de vraies critiques contre les dérives du libéralisme (comme JP II l’a fait contre le communisme), qu’il dialogue avec les autres religions pour dénoncer les fondamentalismes. On le voit : le Vatican attend un nouveau pape, il a surtout besoin d’une nouvelle page.

Ecoutez ici le Parti Pris d'Hervé Gattegno de ce mardi 12 mars.

Hervé Gattegno